Articles

Imprimer Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur LinkedIn

Compte rendu

Nouvelles perspectives pour le programme Goldschmidt

mai 2022

10 février au 15 avril 

Le programme Goldschmidt, destiné aux jeunes traducteurs littéraires, s’est tenu en Allemagne, en Suisse et en France dans un format hybride. Une riche expérience professionnelle et humaine malgré les contraintes, toujours liées à la pandémie et à la réorganisation des marchés du livre, moins ouverts aux traductions. 


L’organisation du programme Goldschmidt 2022, qui s’adresse aux jeunes traducteurs littéraires français, allemands et suisses, était encore fortement impactée par la crise sanitaire. À commencer par la nécessité de tenir le premier atelier de traduction vers l’allemand entièrement en ligne depuis Berlin, ce qui n’a pas empêché la transmission des techniques de traduction et la cohésion du groupe, grâce à l’expérience des formats numériques et à la forte implication de tout le monde.


Ont suivi des rencontres en présentiel avec les professionnels du livre à Berlin, dont Suhrkamp, Matthes & Seitz, Ullstein et Verbrecher Verlag, qui ont une nouvelle fois montré que la traduction de la production française en Allemagne se porte bien avec 970 titres cédés et 157 coéditions en 2020, ce qui fait de l’Allemagne - ex aequo avec l’Espagne - le troisième acheteur de droits français après la Chine et l’Italie, selon les chiffres du SNE.



Découvrir le paysage éditorial en Suisse 


Même constat en Suisse germanophone et francophone où les éditeurs continuent à publier des traductions françaises et allemandes malgré le contexte de crise. Les rencontres professionnelles, organisées par Pro Helvetia, partenaire du programme Goldschmidt depuis 2012, ont mené les participants à Lucerne, Zurich, Genève et Lausanne permettant ainsi une véritable découverte du paysage éditorial suisse avec quelques grandes maisons, telle Diogenes à Zurich, et beaucoup de petits éditeurs très engagés et orientés vers de nouvelles façons de travailler ensemble (mutualisation des coûts d’impression, communication commune, travail avec les institutions culturelles locales pour présenter leurs productions), comme les éditions de La Baconnière à Genève.


En revanche, la situation est plus tendue en France où le marché de la traduction, toutes langues confondues, a baissé de 36% par rapport à 2019 avec 7 953 titres traduits en 2020 dont 396 de l’allemand, l’allemand restant tout de même la troisième langue la plus traduite en France avec 5% des titres, derrière l’anglais (60%) et le japonais (16,6%).


Ouvrir le programme aux éditeurs francophones et de région 


En dépit de cette baisse pour les traductions de l’allemand, les éditeurs français rencontrés à Paris (Stock, Le Nouvel Attila, Éditions du Faubourg, Emmanuelle Collas, P.O.L, Le Tripode) se sont montrés toujours aussi ouverts aux échanges avec les jeunes traducteurs et à leurs propositions de romans germanophones encore libres de droit sur lesquels ils travaillent pendant les ateliers de traduction. (Voir les profils des participants et leurs projets dans "plus d’info"). Pour multiplier et diversifier les rencontres, des rendez-vous en ligne avec les éditions Le Quartanier à Montréal et les éditeurs de région à Strasbourg (éditions Astrid Franchet), Arles et Marseille ont été ajoutés au programme.


"Être éditrice, c’est parler avec des gens qui réfléchissent", affirme Marie Hermann, ancienne participante du programme Goldschmidt et cofondatrice des éditions Hors d’atteinte à Marseille qui a encouragé les participants "à réconcilier la traduction et l’édition" et à exercer les deux métiers à la fois. De son côté, Manuel Tricoteaux, directeur éditorial adjoint d’Actes Sud, rencontré à Arles, indique que les maisons d’édition françaises privilégient les traductions de l’anglais ou se focalisent sur les livres français. Néanmoins, la maison continue à publier quatre titres allemands par an et d’autres éditeurs et éditrices, telle Marie-Pierre Gracedieu, cofondatrice des toutes nouvelles éditions Le bruit du monde à Marseille, gardent encore des liens étroits avec l’édition allemande : "Elle s’est beaucoup intéressée à nos projets de traduction, mais aussi au programme, à l’échange franco-allemand et au paysage éditorial allemand en général", se réjouit Jeffrey Trehudic, l’un des participants français. 


Katja Petrovic, Hannah Sandvoss