25 au 28 mai
Près de 450 exposants se sont retrouvés à la Foire du livre de Varsovie. Un peu moins que les années précédentes, certains éditeurs locaux ayant fait le choix de participer à une foire du livre "dissidente" programmée une semaine avant l’officielle. Toutefois, le professionnalisme des organisateurs a permis la réussite de cette manifestation.
Une belle programmation était offerte au public polonais avec la participation de 45 maisons d’édition ukrainiennes qui avaient pour slogan "des millions de ponts". Elles étaient accompagnées de 20 auteurs ukrainiens invités à participer à près de 60 rencontres littéraires. Organisé par les Instituts du livre d’Ukraine et de Pologne avec le soutien des organisateurs, le Festival polono-ukrainien Le pouvoir de la parole - Dialogues littéraires polono-ukrainiens a rencontré son public. Il s'agissait d'une série de rencontres et de conférences d'écrivains, de journalistes, d'intellectuels polonais et ukrainiens, permettant de présenter et d'échanger des idées tout en soulignant le rôle de la littérature dans la formation de valeurs intemporelles, si importantes à une époque où la guerre est de retour en Europe. Des écrivains ukrainiens ont été accompagnés dans des entretiens littéraires par d'éminents auteurs polonais, dont Andrzej Sapkowski, Jakub Małecki, Justyna Bednarek, Bohdan Zadura et Rafał Kosik.
Les organisateurs avaient mis en exergue des thématiques très en vogue en ce moment, tels la bande dessinée et le roman graphique (Comic Warsaw Festival), le polar (Crime Warsaw Festival) et le livre fantastique qui bénéficiait d’un bel espace à la hauteur de l’engouement d’un public Young Adult très averti. Renata de La Chapelle, agente qui représente différentes maisons françaises,
relève l’extrême difficulté de placer un titre français dans ce genre, les éditeurs polonais étant tournés uniquement vers la production anglo-saxonne et surtout à l’écoute des influenceurs. À cela, s’ajoutait le Festival intergénérationnel de littérature pour enfants Pères et enfants qui réservait au public de nombreuses rencontres ainsi que des ateliers mettant en avant des thèmes tels que les problèmes des petites personnes, la planète, la nature féerique de la campagne polonaise, les super-héros, sans oublier la résolution de nombreuses énigmes de détectives pour le plus grand bonheur des participants.
Les organisateurs avaient réservé un très bel emplacement pour la France, juste à l’entrée du palais. Plus de 1000 titres étaient exposés. 3 responsables de droits étrangers avaient fait le déplacement : Sarah Chamard des éditions Didier Jeunesse, Sophie Froger de Mediatoon (Dargaux, Le Lombard, Dupuis…), Delphine Gervais d’Adverbum (entité qui regroupe les éditions DésIris, les éditions Le Sureau, les éditions Grégoriennes et l’Atelier Perrousseaux) ainsi que l’agente Renata de La Chapelle. La programmation de deux foires concurrentes a tout de même engendré quelques inconvénients. Les prises de rendez-vous pour les éditeurs français ont été plus compliquées à obtenir, certains de leurs homologues polonais indiquaient qu’ils n’auraient pas de stand et ne se rendraient pas à cet événement, bien qu’il n’y ait pas de droit d’entrée à acquitter. Malgré cela, les éditeurs français présents ont été plutôt satisfaits de leurs échanges,comme en témoigne Sarah Chamard des éditions Didier Jeunesse.
"L’édition 2023 de la Foire de Varsovie a été intéressante pour Didier Jeunesse. Les quelques rendez-vous que j’avais réussi à fixer se sont très bien passés. Les éditeurs ont montré de l’intérêt pour la production et étaient notamment à la recherche de séries. La foire était plutôt largement étendue et, finalement, beaucoup d’éditeurs étaient présents même si certains ont préféré la foire concurrente. Les petits éditeurs jeunesse étaient aussi ouverts aux discussions informelles sur leur stand et ce fut un temps propice aux rencontres. Dans l’ensemble, c’était une foire réussie dans la belle ville de Varsovie."
Côté public, la production française est toujours attrayante, avec une prédilection pour le livre jeunesse, la bande dessinée et les sciences humaines et sociales. Cependant, avec une inflation de plus de 18 %, une certaine frustration du public s’est fait ressentir lors de la vente des livres sur le stand où, après s’être informés du prix d’un ouvrage, les Polonais répondaient qu’ils allaient réfléchir. Espérons que les professionnels de l’édition polonaise trouveront un accord pour qu’en 2024 une seule foire du livre soit programmée.