20 et 21 mai
"L’Europe des libraires indépendants", tel était le mot d’ordre de la dernière rencontre des libraires francophones d’Europe à Londres. Organisée par l’Association internationale des libraires francophones et la librairie française La Page de Londres, elle constituait la deuxième étape du programme proposé par le BIEF et l’AILF en direction des libraires francophones d’Europe.
Après les rencontres des libraires francophones à Vienne fin mars, les libraires se sont retrouvés cette fois-ci aux côtés des représentants d’Instituts français et d’établissements scolaires européens, venant d’Amsterdam, Barcelone, Berlin, Bucarest, Vienne et Londres. Durant deux jours, ils ont pu croiser leur regard et partager leur expérience sur les publics du livre auxquels ils s’adressent et voir comment améliorer leur coopération.
Cette question des relations entre libraires francophones d’Europe et partenaires institutionnels avait été abordée à Vienne mais lors d’une seule table ronde alors que ces journées à Londres ont permis des échanges sur tous les aspects de cette coopération : comment repenser l’accueil du public au sortir de la pandémie, comment dynamiser les espaces d’une médiathèque ou d’une librairie en réinventant les animations, comment soutenir la création et la diversité de l’édition francophone, quelles sont les contraintes et les contingences économiques de chacun des acteurs, ou encore comment adapter les outils par exemple dans la communication pour consolider les relations professionnelles.
Encourager l’accessibilité des textes d'auteurs européens
Autant de points d’échanges entre les libraires et leurs partenaires institutionnels et qui sont la clé du maintien de ce réseau de librairies francophones d’Europe et de son indépendance. Au-delà du seul partage d’expérience, les rencontres de Londres ont été aussi l’occasion de présenter aux représentants d’Instituts français les différents projets développés par l’AILF et le BIEF pour renforcer ce réseau de librairies, sa visibilité et sa viabilité économique.
À commencer par le projet "L’Europe des libraires indépendants", soutenu par Europe Créative et qui associe six librairies européennes autour d’un programme visant "à encourager l’accessibilité des textes d’auteurs européens en élaborant des sélections bibliographiques emblématiques de la diversité éditoriale, thématique et culturelle européenne, à fédérer un réseau de librairies indépendantes européennes, mener un travail d’analyse sur les critères qualitatifs et quantitatifs qui caractérisent la librairie indépendante européenne."
Ce travail au long cours porté par l’AILF et le BIEF pour mettre en avant le rôle essentiel de la librairie francophone en Europe dans la diversité éditoriale, est mené en parallèle à l’élaboration des outils qui visent à encadrer les relations avec les partenaires institutionnels et commerciaux des libraires. Pour les premiers, l’AILF a mis au point depuis quelques années une convention dont plusieurs librairies se sont inspirées pour préciser leurs relations avec l’Institut français dans leur ville ou d’autres acteurs du réseau, à l’image de la librairie Kyralina et l’Institut français de Bucarest.
Une charte sur les usages commerciaux et logistiques
Pour les seconds, à savoir les éditeurs français, leurs diffuseurs et distributeurs, le BIEF a coordonné les négociations autour de la charte sur les usages commerciaux et logistiques. Signée le 15 décembre dernier par la plupart des groupes d’édition français, cette charte les engage à élaborer des projets-cadres en direction des librairies francophones à l’étranger qui reconnaissent et valorisent le travail qualitatif de ces librairies mais aussi leurs contraintes spécifiques. Les rencontres de Londres ont donné une nouvelle occasion de présenter cette charte et de mesurer les fortes attentes à son égard, comme en témoigne Elena Diaconu, de la librairie Kyralina à Bucarest :
"Ce document représente pour nous, libraires, un appui précieux dans nos relations avec les diffuseurs-distributeurs. Je me sens soutenue et me trouve dans une position plus confortable pour lancer ou continuer des négociations. Les engagements pris par nos fournisseurs français le confirment enfin : le travail que nous faisons à l'étranger ne peut se mesurer aux seuls indicateurs économiques. Le côté qualitatif de notre métier est central et il se mesure à notre capacité à animer des communautés francophones et à défendre l'œuvre d'auteurs francophones aux quatre coins du monde. J'attends avec impatience, comme mes consœurs et confrères, les propositions plus concrètes des diffuseurs-distributeurs. À l'heure de la concurrence des plateformes en ligne, leur soutien est indispensable pour que nos librairies continuent d'exister."