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Compte rendu

15 libraires francophones enfin réunis physiquement à Paris

mai 2022

21 au 27 avril

Après deux années de report, le Programme libraires francophones à Paris, organisé par le BIEF, avec le soutien du Centre national du livre, a enfin réuni 15 libraires venant du Mexique, du Chili, d’Argentine, du Brésil et du Costa Rica, mais également d’Europe, d’Asie et d’Afrique. 


Animés par le désir de se retrouver, d’échanger avec les professionnels français mais aussi de pouvoir découvrir le nouveau Festival du livre de Paris, quinze libraires francophones se sont retrouvés à Paris au mois d’avril. Pour débuter le programme, Antoine Gallimard, président du BIEF, et Kamel Yahia, responsable export du groupe Madrigall, ont invité les libraires francophones à une visite privée, guidée par Alban Cerisier, de l’exposition en cours au Musée des Arts décoratifs À la rencontre du Petit Prince. Une première invitation à la littérature suivie par le Festival du livre qui a permis aux libraires de rencontrer auteurs et éditeurs, d’y organiser leurs rendez-vous et de retrouver l’ambiance du Salon du livre.


"Le Festival du livre avec ses trois axes Habiter, raconter et imaginer le monde m’a plu mais il manquait le côté personnalisé des stands qui étaient un peu monotones et je regrette aussi que la présence de l'Inde, pays invité, soit si discrète. Cela aurait pu faire rêver les visiteurs. Mais comme à Guadalajara l’année dernière, le retour au présentiel a permis des échanges vraiment revitalisants. C’était le retour de la chaleur humaine ! Les rencontres entre les auteurs et les lecteurs aussi étaient plus personnelles à Paris qu'au Mexique et j’en ai bien profité", résume Julieta Salgado, libraire à la Librería Francesa à Mexico.


La seconde partie du programme a vu se succéder les rencontres avec les interlocuteurs privilégiés des libraires francophones : le CNL qui, profitant de leur présence en nombre, a pu de nouveau organiser la traditionnelle demi-journée dédiée aux libraires francophones, en présentant la réforme des aides ; l’AILF, qui fêtait cette année les 20 ans de l’association, en présentant notamment des catalogues thématiques sur l’Amérique latine ou l’Asie.


Parmi les autres temps forts de ce programme, deux rencontres avec des auteurs. Karim Kattan est lauréat du Prix des 5 continents de la Francophonie 2021 pour son livre Le Palais des deux collines (Elyzad). La rencontre soutenue par l’Organisation internationale de la Francophonie, en présence de son éditrice Elisabeth Daldoul et de Myriam Senghor-Ba, responsable de ce prix,  était accueillie par la librairie du Centre Pompidou et sa directrice, Laurence Fruitier, laquelle souhaite aussi pouvoir multiplier les occasions d’échanges avec des libraires francophones. Marion Brunet, lauréate du Grand Prix de littérature policière 2018, avec son univers entre littérature Young Adult et polar, a particulièrement séduit les libraires présents.


Rencontre avec Karim Kattan à la librairie du Centre Pompidou


"Le programme proposé par le BIEF tenait compte de toute la complexité de notre époque, ainsi que de la fragilité de notre métier et de notre difficulté à soutenir la présence de l'édition française surtout en Amérique latine, en Afrique et en Inde. La possibilité d'assister au Festival du livre à Paris a permis de riches échanges avec tous les acteurs de la chaîne du livre et de leur rappeler la vitalité de notre profession", témoigne Mónica Freyre, cogérante de la librairie Las Mil y Una Hojas, à Buenos Aires. "Ce programme a été comme une bulle d'air frais, je crois que c'est dans les échanges entre nous, libraires, que nous puisons le plus d'idées et de courage", confie de son côté Maryline Noël de la librairie Le Comptoir, à Santiago.

   

L’un des points particulièrement attendus par les libraires francophones concernait la question des coopérations entre libraires francophones et leurs partenaires "naturels" dans leurs pays respectifs. On pense à l’Institut français, aux établissements d’enseignement du français, au réseau des Alliances, etc. Une table ronde a permis de réunir les personnes mobilisées sur cette question au sein du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, du ministère de la Culture et de leurs opérateurs (Institut français, CNL…), l’objectif étant de parvenir à une meilleure concertation entre les différents acteurs pour reconnaître et mieux soutenir les librairies francophones à l’étranger.


"Le soutien aux librairies francophones de l’étranger et leur engagement à inciter leurs personnels en poste et en partance à travailler de concert avec nous a été réaffirmé. Malheureusement, cette bonne volonté parisienne est souvent en contradiction avec la réalité du terrain. Le travail qualitatif de la vraie librairie francophone de référence n’est pas toujours valorisé, tout au plus utilisé sans contrepartie. Ainsi, avec le soutien financier du CNL, j’ai organisé plusieurs tournées d’auteurs dans tout le pays. J’ai eu à cœur d’inclure dans la boucle l’Institut français de Jérusalem et celui d’Israël qui ont profité de ces rencontres sans bourse délier… Ce que demandent les librairies francophones de l’étranger, c’est que les services français reconnaissent leur travail et que dans un sain esprit de coopération ils passent leurs commandes de livres auprès d’elles. On pourrait également imaginer que dans les pays dans lesquels il n’y a pas d’attaché pour le livre, les librairies francophones de référence qui le souhaitent deviennent les correspondantes-livres des Instituts français", propose Nathalie Hirschsprung, directrice de la librairie Vice Versa à Jérusalem.


Pierre Myszkowski et Stéphanie Suchecki