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Compte rendu

Le Paris-Francfort Fellowship : un programme taillé sur mesure

juillet 2022

07 au 22 juin 

Le Paris-Francfort Fellowship, destiné aux jeunes professionnels du livre français, allemands et suisses, s’est déroulé à Francfort, Cologne et Paris. Retour sur cet échange avec Marie Foucault, alternante en cessions de droits aux éditions Stock, et Ingo Eisenbeiß, volontaire au service de presse aux éditions Carl Hanser à Munich. 


 

BIEF : Le Paris-Francfort Fellowship, créé en 2017 à l'occasion de l'invitation d'honneur de la France à Francfort a fêté ses 5 ans cette année. Marie, Ingo, pourquoi avez-vous postulé à ce programme ?


Ingo Eisenbeiß : "J'espérais nouer des contacts intéressants. Grâce à l'échange direct et aux discussions sur les expériences et les parcours de chacun, je voulais également découvrir de nouvelles perspectives sur mon propre avenir professionnel. Je me trouve actuellement dans la phase passionnante du début de ma carrière et ce Fellowship m’a offert la possibilité d'avoir un regard international sur l'industrie du livre." 

 

Marie Foucault : "Je suis germaniste et en début de carrière dans l’industrie du livre : le Paris- Francfort Fellowship semblait taillé sur mesure pour moi !"


BIEF : Quelles étaient vos attentes ?


Marie Foucault : "J’étais très curieuse de rencontrer des acteurs de l’édition de part et d’autre du Rhin. Je souhaitais également améliorer mon allemand, et notamment ma maîtrise du vocabulaire professionnel et technique." 

 

Ingo Eisenbeiß : "Ce qui m'a particulièrement attiré, c'est le contact personnel avec des professionnels du livre et la possibilité de jeter un coup d'œil dans les coulisses. C'est pourquoi j’ai vraiment apprécié les visites des différentes maisons d'édition dans les deux pays. Le contact quotidien avec des collègues français m'a également permis d'améliorer mes connaissances en langue, de m'inspirer et d’élargir mes perspectives professionnelles dans les pays francophones." 

 

BIEF : Qu’est-ce que le programme vous a finalement apporté ?

 

Ingo Eisenbeiß : "Le Fellowship m'a surtout fait prendre conscience une fois de plus de la richesse et de la diversité du monde du livre en France et en Allemagne ! Lors des visites et des entretiens, j'ai beaucoup appris sur les similitudes et les différences des deux marchés."  

 

Marie Foucault : "Ce programme m’a fait faire d’énormes progrès en langue, la méthode "tandem" de l'OFAJ s’est révélée redoutablement efficace, une meilleure connaissance du marché allemand, de belles rencontres et beaucoup de souvenirs."

 

BIEF : Qu’avez-vous appris sur les marchés du livre français et allemands ? Quelles sont selon vous les différences ?

 

Marie Foucault : "La chaîne du livre varie peu d’un pays à l’autre, à une différence près : le système de la "Zwischenbuchhandlung", qui permet de récupérer un livre en librairie le lendemain de la commande, n’existe pas en France. J’ai également été frappée par le manque de réciprocité dans les échanges commerciaux entre les deux pays : tandis que les Allemands sont des grands acheteurs de littérature française, l’inverse est loin d’être le cas. Je trouve cela dommage et espère que des programmes comme celui-ci contribueront à réparer ce déséquilibre."

 

Ingo Eisenbeiß : "Alors qu'en France, l'édition est surtout concentrée à Paris, en Allemagne, on trouve des maisons d’édition sur tout le territoire. Outre cette différence géographique, j’ai fait le même constat que Marie concernant le déséquilibre en termes d‘échanges de droits entre nos deux pays. Alors que la littérature francophone se porte bien en Allemagne, qu'elle est beaucoup éditée et lue, les droits allemands sont de moins en moins cédés en France et la littérature germanophone a de plus en plus de mal à se faire une place. Il était également intéressant d'apprendre que pour les deux pays, l'un des marchés les plus importants est la Chine, surtout pour les livres pratiques, et que les livres audio jouent un rôle moindre en France qu'en Allemagne. En outre, j’ai constaté que la critique littéraire est plus développée en Allemagne qu'en France, surtout dans la presse écrite."

 

BIEF : Est-ce que quelque chose vous a particulièrement surpris, étonné ou plu ?

 

Ingo Eisenbeiß : "J’étais déjà conscient avant cet échange que les romans graphiques et les bandes dessinées représentent une part bien plus importante du marché du livre en France qu'en Allemagne. Pourtant, j'ai été très surpris par l'ampleur de cette différence - alors qu'en France, les BD sont en partie vendues dans des librairies spécialisées et qu'elles sont appréciées par l'ensemble de la population, la BD est toujours à la marge en Allemagne." 

 

Marie Foucault : "En France, après avoir effectué un stage, les jeunes demandeurs d’emploi s’orientent en général vers une alternance ou un CDD avant de pouvoir obtenir un CDI. Je trouve le système du "volontariat" allemand très intéressant car il inclut une dimension d’apprentissage (contrairement au simple CDD) sans exiger une inscription à l’université."    

 

BIEF : En quoi est-ce qu’une meilleure connaissance du marché allemand/français sera utile pour chacune dans votre futur parcours professionnel ?

 

Marie Foucault : "La France et l’Allemagne sont des partenaires privilégiés dans beaucoup de domaines, et le livre ne fait pas exception. C’est donc un atout majeur d’être sensibilisée aux enjeux de ce marché."  

 

Ingo Eisenbeiß : "Je pense qu‘une meilleure connaissance des échanges de droits entre les deux pays et le fait d’avoir compris à quel point les romans graphiques et les BD sont importantes en France pourraient m'être particulièrement utiles."


Propos recueillis par Katja Petrovic