Après avoir analysé, dans La Fin des sociétés (2013), le déclin
des sociétés industrielles et le délitement de leurs piliers, Alain
Touraine élabore dans cet ouvrage une nouvelle pensée sociale
capable d'appréhender le monde qui leur succède.
Les promesses de la globalisation et du développement des
technologies de l'information sont aussi vastes que sont grands
les obstacles à leur réalisation. Alors que nous prenons de plus
en plus conscience du droit inaliénable au respect de la dignité
humaine, nous nous heurtons dans nos pays à la puissance d'un
capitalisme financier déconnecté de l'économie productive et,
ailleurs dans le monde, à des régimes tyranniques ou totalitaires
qui menacent de dominer la sphère de la subjectivité autant que
celle des ressources matérielles. Si notre capacité de nous transformer
nous-mêmes et d'agir sur notre environnement n'a jamais
été aussi forte, le potentiel de destruction de l'humanité apparaît
simultanément inégalé.
Face à ces enjeux décisifs auxquels l'indignation ne peut à elle seule
répondre, Alain Touraine en appelle à la mobilisation de nouveaux
acteurs susceptibles de remplacer les mouvements sociaux
dont les conflits structuraient les sociétés industrielles. À la fois
éthiques et démocratiques, ils doivent se faire les défenseurs des
droits fondamentaux du sujet humain pour combattre des formes
de pouvoir dont l'emprise se révèle de plus en plus totale.