Charles Fremont, fils et petit-fils de serruriers montmartrois, serrurier
lui-même dans sa jeunesse, n'était en rien prédisposé à devenir
photographe. Mais pour gagner sa vie, il est engagé à l'hôtel-Dieu en
1885 et chargé de photographier les salles et les malades. Ensuite,
parallèlement à des activités scientifiques sur les métaux, qui le mèneront
jusqu'à l'École des Mines et lui vaudront une notoriété internationale,
il va arpenter les rues de Paris et photographier pour son plaisir. Ses
images, qui montrent le mouvement de la ville depuis les années 1880
jusqu'à la guerre de 1914, ne forment pas des séries systématiques, ne
détaillent pas les monuments. Elles restituent pour nous une cité où
les omnibus sont tirés par des chevaux, où les quartiers populaires sont
traversés par de grands carnavals, où les premières femmes cyclistes sont
empêtrées dans leurs jupes longues, où le moulin de la Galette est une
guinguette branlante et où l'Exposition universelle de 1900 déploie des
fastes inimaginables.
Un témoignage inédit sur un Paris que Charles Fremont sent disparaître
et dont il nous transmet magnifiquement la mémoire.