Les nuits parisiennes sont un monde à part. On peut, selon les époques,
y jouer aux cartes dans des hôtels particuliers avec les lettrés et les aristocrates,
s'y afficher en dandy à l'Opéra ou dans les fêtes impériales, se
griser dans la foule des boulevards, s'encanailler dans les caf'conc' ou dans
les cabarets de Montmartre, boire avec les peintres et les écrivains dans les bars de
Montparnasse ou dans les caves de Saint-Germain-des-Prés, danser le rock avec les
yéyé au Bus Palladium, découvrir le punk au Chalet du Lac et la New Wave au Palace...
À Paris, «la Nuit» est un genre littéraire, décliné en mémoires, chroniques, reportages,
poèmes, chansons, essais. On la retrouve dans des documents d'histoire peu exploités
éclairant des mentalités noctambules ancrées dans leur temps. La fête nocturne est un
formidable révélateur d'histoire. Elle a aussi engendré ses imagiers, ses peintres, ses
photographes, ses cinéastes, hommes d'images qui ont été autant témoins qu'acteurs
des fébriles nuits de la capitale.
Des illuminations royales de Louis XV aux discothèques en passant par la «nuit absolue»
fin de siècle avec ses boulevards illuminés et ses danseuses de cancan, c'est l'histoire
tourbillonnante de cet espace nocturne sans cesse réinventé qu'Antoine de Baecque
nous restitue avec érudition.