La légitimité est trop souvent réduite à sa définition électorale : est légitime celui ou celle qui est couronné(e) par le suffrage. Cette conception de la légitimité est très insuffisante pour rendre compte des titres à parler et à décider « au nom de la société ». En face de la légitimité électorale, existent de multiples formes de légitimité qui donnent à notre vie politique ce pluralisme d'autorités sans lequel la démocratie n’aurait que peu d’épaisseur. Ces formes qui viennent s'ajouter à la légitimité électorale procèdent désormais de trois principes : la proximité, l'impartialité et la réflexivité.
Ce livre explore l’histoire des débats et des problèmes qui ont marqué, en France comme dans le reste du monde occidental, cette construction d’une légitimité multiple et partagée. Il prolonge ainsi la réflexion engagée par l'auteur dans La Contre-Démocratie sur les travaux de la démocratie en dehors de son cadre électoral-représentatif. Une réflexion qui rompt avec un pessimisme devenu routinier et cherche à saisir dans un cadre théorique neuf et inédit les mutations en cours de la vie publique.
Pierre Rosanvallon est professeur au Collège de France. Il dirige également la République des Idées. "La légitimité démocratique" forme le second volet d’un cycle de réflexions entamé avec "La Contre-démocratie".