On peut prétendre à juste titre que les nuages ont constitué le premier
paysage, voire l'horizon primordial qu'il nous a été donné de percevoir. Du
fond d'un landau, nous considérions le défilé de légers nuages blancs
encadrés par le toit de la capote ou alors, allongés sur l'herbe, nous contemplions
les formes de matière qui planent tout là-haut. Je fais le pari que ce
paysage-là, brut et doux, ne nous a pas abandonnés et qu'il représente
même le fond sur lequel s'est développée notre vision du monde.
B. C.
Des nuages nous emporte dans le sillage des aires nuageuses qui sont
traitées ici sous l'angle des civilisations, en explorant la langue, mais aussi
et surtout à travers la peinture, la sculpture et la photographie. Depuis
l'Antiquité et le Moyen Âge où l'on découvre l'apparition timide et progressive
de la représentation des nuages, ceux-ci deviennent en Europe, de
la Renaissance jusqu'au XIXe siècle, l'une des figures essentielles de l'art.
Nous entraînant également jusqu'en Extrême-Orient pour s'achever sur
certains nuages du siècle dernier, ce bel hommage de Bernard Chambaz
en mots et en images aux «merveilleux nuages» de Baudelaire est un
livre unique en son genre.