Nous sommes à un moment de l'histoire qui pose un défi
radicalement nouveau à l'espèce humaine : pour la
première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux
limites de la biosphère et met en danger son avenir. Vivre
ce moment signifie que nous devons trouver collectivement les
moyens d'orienter différemment cette énergie humaine et cette
volonté de progrès. C'est un défi magnifique, mais redoutable.
Or, une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses
prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap
qui s'impose urgemment. Elle ne porte aucun projet, n'est animée
d'aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir
triomphé du soviétisme, l'idéologie néolibérale ne sait plus que
s'autocélébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d'influence
sont soumises à son pseudo-réalisme, qui prétend que toute alternative
est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui
conduit à accroître toujours plus la richesse.
Cette représentation du monde n'est pas seulement sinistre, elle
est aveugle. Elle méconnaît la puissance explosive de l'injustice,
sous-estime la gravité de l'empoisonnement de la biosphère, promeut
l'abaissement des libertés publiques. Elle est indifférente à
la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes
et des femmes, consent à voir dilapider les chances de survie des
générations futures.
Pour l'auteur de ces pages incisives et bien informées, on ne
résoudra pas la crise écologique sans s'attaquer à la crise sociale
concomitante. Elles sont intimement liées. Ce sont aujourd'hui les
riches qui menacent la planète.