Combien de marins, combien de capitaines,
sous la surface dorment les baleines.
Des bouts de phrases qui se répètent
et qui fuient dans l'eau noire, des idées
molles englouties dans le remous des hélices.
Le jour se lève à la poupe, la nuit s'en va devant.
Un homme c'est un accord de musique.
Des milliards d'hommes, des milliards
d'accords, tous différents.
Qu'est-ce que je cherche ? Quelle est ma note ?
Mon accord de musique ? Qu'est-ce que
j'espère trouver dans mes départs sans arrivées ?
Personne ne m'attend plus nulle part
depuis longtemps.
Un homme marche, seul.
Un port, une ville. Plus loin,
suivant la ligne de fuite d'un
chemin de fer, des arbres,
et la montagne qui s'approche,
but ultime. L'homme se
souvient. Bribes du passé, bribes
de vie. Une femme, un soldat,
un couple de vieux, rencontres.
L'homme s'interroge : comment
trouver sa propre note dans la
cacophonie du monde ?
Avec Le Chant des baleines,
Edmond Baudoin livre un récit
intimiste où texte, trait et
couleurs se répondent dans une
subtile et violente harmonie.