Avec 4 000 exposants de 95 pays, et près de 300 000 visiteurs attendus, la Foire du livre de Francfort attire presque autant d’amateurs et de professionnels du livre qu’avant la pandémie. L'Espagne, l'Ukraine et TikTok occupent une place spéciale lors de cette première vraie édition post-Covid.
Petite sélection de ce qu’en dit la presse allemande.
Avec une délégation d’environ 200 auteurs et autres professionnels du livre, l'Espagne est l'invitée d'honneur de cette 74e édition de la Foire. Les langues régionales comme le catalan, le galicien ou le basque sont également représentées. "C’est dans la bonne humeur que les éditeurs espagnols devraient se rendre à Francfort, estime le Buchreport, car, selon les dernières statistiques, le marché du livre espagnol est définitivement sorti de la crise" :
"Les chiffres d'affaires présentés récemment par la Federación de Gremios de Editores de España indiquent le meilleur résultat depuis 10 ans pour l’année 2021, avec une augmentation du CA de 5,6 % à 2,58 milliards d'euros. (…) Les Espagnols sont d'autant plus satisfaits que la croissance repose sur une plus forte demande de livres et non pas sur des prix de vente plus élevés, comme c'est le cas actuellement dans de nombreux autres pays. Ainsi 174,1 millions de livres imprimés ont été vendus l'année dernière en Espagne, ce qui représente une augmentation de 5,9 %."
Buchreport, Dortmund, 11 octobre 2022
Cela fait plus de trente ans que l'Espagne n'a pas été à l’honneur à Francfort. Selon le quotidien Die Tageszeitung, la littérature espagnole a depuis lors beaucoup bougé et "réinventé sa tradition" :
"The Future is Female" – L’édition hispanophone semble avoir pris ce slogan particulièrement à cœur. C'est en tout cas l'impression que l'on a en écoutant Jesús Badenes, directeur de Planeta, le plus important groupe d'édition d'Espagne et d'Amérique latine. Selon ses estimations, le lectorat est essentiellement féminin aujourd’hui en Espagne avec 60 % de lectrices contre 40 % de lecteurs hommes. Cela se reflète également dans les listes de best-sellers, en tête desquelles figurent régulièrement des noms comme Eva García Sáenz de Urturi, Dolores Redondo ou Maria Dueñas. Autre tête d’affiche : l’auteure de thrillers Carmen Mola – un pseudonyme derrière lequel se cachent pourtant trois auteurs masculins ce qui a créé un petit scandale en automne dernier, lors de la remise du Premio Planeta, le prix littéraire le mieux doté d’Espagne."
Die Tageszeitung, Berlin, octobre 2022
Outre l'Espagne, l'Ukraine occupe le devant de la scène cette année à Francfort, car, une fois de plus, l'actualité du monde s'invite dans les halls de la Foire, comme le souligne le quotidien berlinois Die Welt :
"Tandis que le stand collectif des maisons d'édition russes a été exclu en raison de la proximité de ses organisateurs avec le régime de Poutine, les éditeurs ukrainiens peuvent se présenter sur un stand de 100 m2. Le samedi sera entièrement consacré aux auteurs ukrainiens et la Foire se terminera le 23 octobre avec la remise du Prix de la paix à l'auteur ukrainien Serhiy Jadan."
Un des autres points forts à Francfort cette année est le thème de la traduction. "Translate. Transfer. Transform", tel est le titre du programme que l’association des traducteurs allemands a mis en place au Centre de la traduction dans le Hall 4 de la Foire pour mettre un coup de projecteur sur le rôle des traducteurs et aborder le sujet de la traduction postcoloniale. Il s’agit également d’honorer la traduction au sens figuré, ajoute Die Welt :
"Nous nous intéressons à la question de savoir comment la littérature est adaptée à d’autres médias, explique Jürgen Boos. Ainsi, pour la première fois, la plateforme TikTok est partenaire de la Foire pour que les jeunes lecteurs qui s’intéressent aux livres sous le hashtag #BookTok puissent rencontrer les éditeurs à Francfort."
Die Welt, Berlin, 10 octobre 2022