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Compte rendu

Une cinquantaine de professionnels présents aux Rencontres franco-roumaines jeunesse et BD

octobre 2021

20 & 21 septembre 2021

Ces rencontres ont marqué le retour des éditeurs et responsables de droits en "présentiel". Un moment attendu par les vingt professionnels français qui ont rencontré une trentaine d’éditeurs roumains, lors de conférences et de rendez-vous individuels à l’Institut français de Bucarest.


Les professionnels français présents aux rencontres et lors des 340 rendez-vous B to B ont tous affirmé que les éditeurs roumains savaient précisément ce qu’ils recherchent dans leurs catalogues. Près de 600 titres français étaient exposés dans les différentes salles réservées aux rendez-vous : Pascale Charpenet, représentant Le Seuil Jeunesse et La Martinière Jeunesse, dit avoir reçu "deux offres en direct pour deux titres de son catalogue". Christian Voges, agent et Galia Tapiero, directrice des éditions Kilowatt ont été agréablement surpris du "grand nombre de titres qui retiennent l’attention des éditeurs roumains, surtout demandeurs de documentaires et d’albums documentaires à vertu éducative, mais pas seulement". 

 

Rendez-vous B to B à l'Institut français de Bucarest

Gabriela Anchidin, responsable jeunesse à la médiathèque de l’Institut français de Roumanie  venue présenter le marché roumain, a rapidement rappelé la part très élevée des traductions qui comptent pour plus de 50% de la production roumaine, un chiffre qui pour certaines maisons peut même avoisiner 80% du catalogue. En recherche de titres à traduire, les éditeurs roumains sont par conséquent des partenaires de choix pour les maisons d’édition françaises : de 263 titres traduits en 2016 à 363 en 2020, le chiffre des ventes de droits est en constante augmentation, notamment en jeunesse.

Selon l’Association des éditeurs roumains (AER), 2019 a été une très bonne année pour le marché du livre, avec un revenu global dépassant les 110 millions d'euros, en hausse de 20% par rapport à 2016 (qui avait déjà enregistré +18% par rapport à 2015). Cette croissance a été favorisée par la baisse de la TVA en 2016, passant de 9% à 5% pour les livres papier et de 24% à 19% pour les e-books. Elle a par ailleurs été portée par le secteur jeunesse qui constitue un des secteurs les plus dynamiques en matière de ventes. Preuve de cette vitalité, presque tous les grands éditeurs ont lancé des collections consacrées à la jeunesse – parmi eux Humanitas ("Humanitas Junior"), Polirom ("Polirom Junior"), Rao, Nemira ("Nemi"), Art ("Arthur").


Pour autant, il faut rappeler que la Roumanie constitue "le plus petit marché du livre par habitant de l'UE" : d’après une étude de la Fédération européenne des éditeurs, les indicateurs de lecture en Roumanie occupent bien souvent la dernière place des classements. Cela concerne notamment le nombre de nouveautés publiées par an par rapport au nombre d’habitants ; le nombre de personnes qui ont lu au moins un livre au cours de l’année (29,6% par rapport à la moyenne de 62% au niveau européen en 2011) ; le nombre de personnes qui ont lu plus de 10 livres au cours de l’année (2,8% par rapport à la moyenne européenne de 15,6% pour la tranche d’âge 25-64 ans).


Kyralina, la librairie francophone à Bucarest (© Kyralina)

On compte 250 librairies en Roumanie dont 80 à Bucarest, soit deux librairies pour 100 000 habitants ! Elles ont quasiment disparu des petites villes et villages et doivent se défendre d’une concurrence accrue des librairies en ligne. Ces dernières se sont fortement développées ces dernières années et proposent de très fortes remises sur le prix du livre, qui n’est pas réglementé. Les tirages sont peu élevés, autour de 1 000 exemplaires par titre, voire 1 500 à 2 000 pour un titre jeunesse.


Présentation du marché de la bande dessinée en Roumanie et en France

Côté bande dessinée, Dodo Nita, spécialiste, collectionneur et traducteur, a rappelé qu’il n’y a pas eu de tradition BD en Roumanie, y compris avant l’époque communiste. Des tentatives de traductions d’albums ou de revues (Pif magazine, Tintin, Astérix, Rahan…) ont été menées et aujourd’hui ce sont surtout Arthur et Grafic (filiales du groupe ART) qui renouvellent le marché de la bande dessinée dans le pays, en publiant notamment des romans graphiques (Perspepolis, Broderies, L’Arabe du futur, Maus). En guise de conclusion Dodo Nita suggère aux éditeurs roumains qui voudraient se lancer dans la bande dessinée de promouvoir les titres auprès de la classe roumaine ayant un gros pouvoir d’achat (selon lui près de 50 000 Roumains ont plus de 1 million d’euros) ; de prévoir des opérations marketing d’envergure ; de monter des partenariats avec des enseignes qui disposent d’un vaste réseau de distribution sur tout le pays et d’une grande force de frappe, comme Carrefour, Leroy Merlin ou Auchan. Une recommandation pour amener ensuite les lecteurs vers les librairies…


Anne Riottot