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Compte rendu

À l’image de l’édition chinoise, la Foire du livre de jeunesse de Shanghai séduit par son dynamisme

novembre 2018

9-11 novembre 2018

Coorganisée par l’équipe de la célèbre Fiera del libro per Ragazzi de Bologne, la Foire du livre de jeunesse de Shanghai a bénéficié d’un savoir-faire qui était visible partout. Les échanges de droits avec la Chine sont toujours aussi nombreux et le stand français à Shanghai particulièrement fréquenté.


Une signalétique "bolognaise", des espaces professionnels et grand public très fréquentés, un nombre étonnant de rencontres pour les professionnels et de conférences et workshops avec des artistes à destination du public, Bologne était partout à Shanghai cette année. Les célèbres illustrateurs Serge Bloch et Hervé Tullet (ce dernier récompensé par le prix du meilleur artiste de l’année au Chen Bochui International Children's Literature Award), invités par la foire et par l’Institut français de Chine, ont participé à un grand nombre d’événements, dont plusieurs sur le stand Bayard Bridge (filiale de Bayard en Chine), qui n’a pas désempli, tout comme les conférences organisées à l’occasion de leur invitation.

 

Promouvoir les œuvres publiées en langue chinoise

Autre nouveauté en 2018 : les artistes chinois étaient mis en avant grâce à l’exposition des œuvres primées par le très prestigieux Feng Zikai Chinese Children’s Picture Book Award qui récompense les meilleurs livres publiés en langue chinoise, y compris hors de Chine. Ainsi pour la première fois, ces œuvres étaient accessibles au public et aux professionnels présents : une belle occasion pour les éditeurs de langue chinoise de promouvoir leurs artistes auprès des éditeurs étrangers et de développer davantage les ventes de droits depuis la Chine.

 

Des passerelles entre Bologne et Shanghai

Avec une vingtaine de stands étrangers, la Foire du livre de jeunesse de Shanghai attire de plus en plus de professionnels du monde entier, réunis dans la Copyrights Zone, exclusivement réservée aux rendez-vous professionnels. Le stand français reste l’un des plus fréquentés. Les Anglais étaient particulièrement présents et beaucoup de représentants de maisons avaient fait le déplacement. Les éditeurs récompensés par la Fiera del libro di Bologna, dont certaines petites maisons indépendantes (Planeta Tangerina, Tara Books, OneTree House…) ont également eu la possibilité de présenter leur production dans l’espace BOP - Bologna Prize Lounge.

 

À la différence de la Foire internationale du livre de Pékin, la China Children’s Book Fair de Shanghai accueille un grand nombre d’éditeurs privés toujours très demandeurs de la production hexagonale en général, avec un intérêt particulier pour les documentaires sur l’art et les sciences cette année.

 

Le français, deuxième langue enseignée après l’anglais

Les stands d’importation de livres en langues étrangères ont été pris d’assaut. Avec près de 10 000 documents empruntés cette année contre 3 000 l’année dernière, les responsables des médiathèques de l’Alliance française ont plus que triplé leur nombre d’emprunts de livres français en 2018. Une tendance qui se confirme chez Shanghai Century Publishing Group qui s’est récemment lancé dans l’importation de livres en langue étrangère via leur filiale Shanghai Book Traders et dans l’activité de libraire avec Shanghai Book Co. Ltd.

 

La Chine, toujours aussi dynamique

En Chine, les titres venus de l’étranger représentent 75 % de la production et 90 % des ventes. Malgré les restrictions dans la délivrance des ISBN annoncées et redoutées ces dernières années, le pays reste, de très loin, le premier acheteur des livres français. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter (1 665 titres français cédés en 2015, 2 121 en 2016, 2 366 en 2017) et dont plus de la moitié concerne des titres jeunesse. Comme l’indique Ran Dianshun, rédacteur en chef de China Publishers Magazine, cité dans Livre Hebdo "le marché chinois du livre de jeunesse atteint 2,23 milliards d'euros en 2017, en hausse de 9,66 % par rapport à 2016 pour une production de 2,3 millions de titres". Depuis dix ans, l’ensemble du marché a enregistré une croissance de 19 % par an.

 

Anna Sainaghi (Piccolia) venue pour la première fois à la foire de Shanghai prospecte depuis peu ce marché. Avec plus d’une vingtaine de rendez-vous, pris peu de temps auparavant, elle a déjà des demandes, principalement en non-fiction et pour des albums cartonnés pour les tout-petits (novelties). Stéphane Husar (ABC Melody) a enchaîné près de 35 rendez-vous en trois jours, dont une quinzaine spontanés. Comme tous les éditeurs présents sur le stand français, il constate le dynamisme, l’efficacité et la rapidité des éditeurs chinois qui "savent très bien ce qu’ils recherchent, ce qu’ils aiment ou n’aiment pas." "Avec les éditeurs chinois, on ne perd pas de temps, quand ils ne sont pas intéressés par un titre, ils te présentent le suivant !"

Les professionnels chinois affectionnent les séries, qu’ils peuvent parfois sortir en coffrets et pour lesquels l’obtention d’un seul ISBN suffit. La collection de huit titres "Viens voir ma ville" chez ABC Melody s’est ainsi vendue à près de 300 000 exemplaires.

 

De son côté, Florent Grandin (éditions du Père Fouettard), également présent pour la première fois en Chine, a déjà des titres en négociation. Ces trois éditeurs ont indiqué qu’ils reviendraient sans doute les prochaines années. Anne Vignol (Hachette Jeunesse) se rend à Shanghai depuis la création de la Foire. Elle avait pu préparer un catalogue avec des notices en chinois, spécialement pour le salon. Un outil qui lui a permis de gagner du temps. "J’avais moins de titres à présenter cette année et craignais un accueil moins favorable, et même si nous devons attendre les résultats concrets, j’ai rencontré le même enthousiasme de la part des éditeurs chinois."


Anne Riottot

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