Articles

Imprimer Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur LinkedIn

Compte rendu

Rencontres franco-italiennes d'éditeurs de vie pratique à Milan : des tendances éditoriales de plus en plus proches

juillet 2016

[10-11 mars 2016]

Après la tenue de ces rencontres, Vito Lepore, directeur éditorial chez De Vecchi, l'un des trente participants italiens, déclarait : "La France est toujours un des pays les plus proches de l'Italie, il est donc important pour moi de me tenir au courant de ce qui se fait au-delà des Alpes..."


Contrairement aux rencontres précédentes – et sur les recommandations de l’Association des éditeurs italiens, partenaire de l’événement ainsi que l’Institut français d’Italie –, elles ont eu lieu à Milan plutôt qu’à Rome. Dans le domaine du pratique, la plupart des éditeurs sont en effet installés dans le nord du pays, et la capitale lombarde reste le cœur de l’édition italienne malgré la vitalité de l’ensemble du territoire.

 

Ces rencontres se sont déroulées sur un jour et demi, avec des tables rondes, suivies de rendez-vous individuels et une visite, le vendredi 11 mars au matin, de librairies milanaises.

 

Une trentaine de participants italiens (éditeurs et responsables des droits) sont venus à la rencontre des professionnels français* afin d’évoquer des projets d’échanges de droits et d’actualiser leurs connaissances sur les marchés respectifs et les dernières tendances. "Ainsi , remarque May Yang, responsable des droits étrangers aux éditions Eyrolles, j’ai compris que les loisirs créatifs sont beaucoup moins développés en Italie, où il n’y a pas de boutique de loisirs ou de fournitures comme en France. Mais c’est apparemment en projet du côté de Rome, ce qui est un bel espoir de débouché."

 

Comme l’édition française, mais dans une proportion moindre, l’édition italienne s’est plutôt bien portée en 2015, puisqu’elle a enregistré une progression des ventes, en valeur, de 0,8% (pour l’édition papier). Comme en France, encore, l’édition de livres pratiques représente près de 15% des ventes (guides et cartes compris). Et comme en France, enfin, les réseaux de librairies et de grandes surfaces restent les maillons importants de leur distribution. À signaler que les ventes dans les kiosques à journaux, qui ont enregistré un très fort accroissement au début des années 2000, sont actuellement en diminution.

 

Partenaire de longue date de l’édition française dans tous les domaines, l’édition italienne a montré une bonne capacité de maintien, en dépit de la crise économique de la dernière décennie. Lors de ces rencontres sur le livre pratique, s’est confirmée la proximité d’organisation et d’évolution de ces deux éditions frontalières : un constat prometteur lorsque l’on envisage des échanges de droits.

 

Tout aussi prometteur pour des retombées concrètes : le nombre important de participants italiens, qui prouvait là encore le dynamisme actuel de l’édition italienne et l’intérêt qu’elle porte à l’édition française, comme l’a souligné Vito Lepore, directeur éditorial chez De Vecchi (groupe Giunti) : "Je souhaite donc que le réseau qui est en train de se former puisse donner des bonnes chances de développement à ce secteur de la production."

 

Du côté français, la manifestation aura été profitable, avec des cessions et des achats de droits pour les éditions Eyrolles ; la satisfaction d’avoir élargi ses contacts et d’être sorti de la dichotomie Mondadori-RCS pour Gallimard Loisirs ; ou au contraire, pour Flammarion, celle d’avoir redécouvert dans leur actualité des maisons de tailles moyenne et grande, comme Hoepli ou Giunti.

 

Le troisième volet des rencontres, la visite de librairies, aura permis de se rendre compte des tendances évoquées la veille lors de la journée de séminaire. Ainsi, parmi les thèmes les plus porteurs du moment, la cuisine végane et végétarienne a particulièrement le vent en poupe et occupe de grands rayons très fournis. Par ailleurs, la visite de la librairie Hoepli s’est terminée par une présentation non programmée de la maison d’édition Hoepli, par sa directrice générale, indéniablement sensible à la présence de la délégation française.

 

S’il y a encore peu le marché italien semblait sinistré, il est apparu lors de cette manifestation sous un angle dynamique et volontaire. Certes, le phénomène de concentration, déjà très accru, continue de progresser avec le rachat de RCS par Mondadori et inquiète les acteurs du livre en Italie. Certes, ce rachat paralyse pour le moment les éditeurs, et ils sont nombreux, des maisons d’édition concernées, mais les éditeurs de taille plus modeste poursuivent un travail de niche via une distribution parfois régionale.

 

* Maisons italiennes représentées 

Armenia Editore, Centauria, Datanova, De Vecchi/Demetra, EDT, Food Editore, Geo4Map, Giunti Group, Hoepli, Il Castello Editor, L’Informatore Agrario, La Margherita Edizioni, Nomos Edizioni, Red Edizioni, Tecniche Nuove,Trenta Editore, Sime Books, 24 Ore Cultura.

 

Maisons françaises représentées

Albin Michel (Laure Paoli), Eyrolles (May Yang), Fleurus (Marion Girona), Flammarion (Jana Navratil Manent), Gallimard Loisirs (Hélène Clastres) et Larousse (Évelyne Lebourse).

 

 

Questions à Vito Lepore, directeur éditorial chez De Vecchi (groupe Giunti)

 

BIEF : Quelles collaborations envisagez-vous avec les éditeurs français ?

 

Vito Lepore : Je crois qu’au fil du temps on arrivera à de bonnes collaborations avec des éditeurs français. Les goûts et les tendances sont de plus en plus proches sur les deux marchés. Cependant, pour l’Italie c¹est surtout une question de coût. Le tirage moyen est bien plus faible qu’en France, ce qui rend difficile le calcul de la faisabilité d’un livre. Peut-être serait-il utile, parallèlement à des coéditions, d’obtenir auprès des éditeurs français l’autorisation d’imprimer à part des livres sous licence. Cela permettrait d’imprimer exactement la quantité de copies commandée, afin de diminuer les risques dus aux retours.

 

BIEF : Pourquoi avez-vous participé à ces rencontres ? Qu’en attendiez-vous ?

 

V. L. : Il y a plusieurs raisons à ma participation. À l’époque où Albin Michel était propriétaire de De Vecchi (de 2005 à 2009, date du rachat par Giunti), j’en étais le directeur éditorial (et, pour un an, aussi le responsable des coéditions de la filiale italienne). On travaillait beaucoup sur les coéditions à l’intérieur de De Vecchi. De nombreux livres (environ la moitié du programme annuel) sur des thèmes comme les animaux domestiques, les arbres, la  cuisine, le sport, l’ésotérisme, la spiritualité, les loisirs créatifs, étaient conçus en Italie ou en France et imprimés en trois langues (italien, français, espagnol). Actuellement, en tant qu’éditeur pour De Vecchi Italie, je suis toujours intéressé par le monde des coéditions et du partenariat européen, et j’espère que dans le futur on pourra partager et réaliser des projets avec d’autres maisons d’édition françaises.

Ensuite, la France est toujours un des pays les plus proches de l’Italie, il est donc important pour moi de me tenir au courant de ce qui se fait au-delà des Alpes. La première partie de la journée m’a ainsi été très utile, et il serait bien de continuer à partager les données et les expériences des deux pays, pour pouvoir avancer dans notre collaboration.


Laurence Risson, propos recueillis par Laurence Risson

Précédent Suivant

Plus d'infos