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Compte rendu

Rencontres d'éditeurs de jeunesse à Buenos Aires

décembre 2015

[12 novembre 2015]

À l’occasion du FILBITA (Festival international de littérature jeunesse de Buenos Aires), le BIEF et l’Institut français d’Argentine ont organisé deux journées de rencontres entre éditeurs argentins et français.


À l’occasion du FILBITA (Festival international de littérature jeunesse de Buenos Aires), le BIEF et l’Institut français d’Argentine (IFA) ont organisé deux journées de rencontres entre éditeurs argentins et français.

 

Quatre représentantes de maisons d’édition françaises – Aurélia Hardy (Auzou), Anne Bouteloup (Gallimard), Sophie Giraud (Hélium) et Claire Hartmann (Seuil - La Martinière Jeunesse) – ont été invitées par l’IFA, ainsi que moi-même, à échanger lors de cinq tables rondes avec leurs homologues argentins : Fernando Zambra (Laboratorio Promage), Natalia Mendes (Edelvives Argentina), Raquel Franco (Pequeño editor), Maria Fernanda Maquieira (Santillana) et Laura Leibiker (Norma). Ensemble, ils ont apporté des visions croisées sur  l’économie de l’édition – plus particulièrement en jeunesse –, le lectorat dans ce secteur, la place de l’album, les perspectives...

 

Une trentaine d’éditeurs argentins ont participé à ces échanges qui ont été suivis de rendez-vous B to B. Dans un contexte de profonde évolution du paysage économique et politique, au moment où l’édition argentine développe ses acquisitions et où l’on constate le repli de l’édition espagnole et le développement de la place du livre à l’école, ces rencontres, les premières du genre, ont permis de mieux faire connaître l’offre française dans le domaine particulier de la jeunesse.


- Jean-Guy Boin

 

 

Ce qu’en ont pensé des éditrices présentes :

 

Claire Hartmann, responsable des droits étrangers au Seuil Jeunesse - La Martinière Jeunesse

 

BIEF : Qu’avez-vous retiré des présentations croisées d’éditeurs argentins et français ?

 

Claire Hartmann : Cette formule est tout à fait intéressante, car elle permet d’avoir immédiatement un point de repère. Il est arrivé que l’effet "miroir" ne soit pas totalement respecté, mais peu importe, l’idée principale était de faire "sentir" le marché du livre jeunesse en Argentine à travers des chiffres et des statistiques, mais aussi d’avoir le point de vue d’éditeurs qui ont suivi sa mutation ces deux dernières décennies.

On a pu constater que nos marchés sont à des stades de maturation différents, mais qu’ils se ressemblent aussi en plusieurs points, comme l’importance du livre jeunesse dans la production et un réel dynamisme suscité par les nouvelles maisons d’édition. Je pense aussi à la volonté de défendre des auteurs et des illustrateurs locaux et à la place majeure que tient la librairie (indépendante qui plus est) parmi les canaux de distribution.

 

D’un point de vue éditorial, le marché argentin ne propose pas une offre aussi riche et diversifiée qu’en France, mais cela s’explique surtout par des problématiques de coûts de production, d’importation, de maturation du marché. Néanmoins, les éditeurs ont à cœur d’ouvrir leurs horizons et déploient une énergie immense pour se développer et s’affranchir de la production espagnole, qui ne correspond pas toujours à leur lectorat.

 

BIEF : Avez-vous pu développer, voire créer, de nouveaux contacts ?

 

C. H. : Ces rencontres ont été bénéfiques en tout point. Renforcer les relations déjà amorcées, mais aussi en créer de nouvelles avec des éditeurs qui ne se déplacent pas forcément sur les foires importantes (Francfort, Bologne).

Par ailleurs, il est infiniment plus agréable de discuter sans regarder sa montre ! Nous sommes au-delà de la présentation d’un catalogue, nous sommes dans la rencontre et l’échange. Je me suis également rendue dans les bureaux de "La Brujita de Papel", c’est toujours intéressant de se sentir immergé dans l’effervescence d’une maison, même brièvement.

 

BIEF : Selon vous, quelles pourraient être les actions collectives permettant de renforcer les échanges avec ce pays ?

 

C. H. : Les éditeurs argentins semblent s’intéresser à la production française, alors, selon moi, il serait idéal qu’ils puissent se rendre au Salon du livre et de la presse jeunesse qui a lieu chaque année à Montreuil. Il faut poursuivre ce genre de rencontres aussi, car l’aspect "petit comité" est assez productif, et cela permettrait de voir les évolutions de chacun des marchés. Inviter des auteurs et des illustrateurs jeunesse français à des événements comme le Filbita ou encore la Foire internationale du livre de Buenos Aires est une bonne chose. Tout comme soutenir, peut-être par le biais d’aides financières, la traduction d’œuvres argentines vers le français, et vice versa.

 

 

Silvia Sirkis, éditrice chez Arte a babor

 

BIEF : Qu’avez-vous retiré des présentations croisées d’éditeurs argentins et français ?

 

Silvia Sirkis : Tout d’abord, j’ai découvert que même si la production éditoriale française est bien plus importante, plus reconnue internationalement que celle d’Argentine, les objectifs éditoriaux, les difficultés et les défis ne sont pas très différents entre nos deux industries.

La présentation croisée a permis de donner une vision profonde et large des deux marchés. Les éditeurs français semblent plus chercher à innover sur le plan de la forme, quand les maisons argentines orientent les innovations sur le plan des thèmes à aborder - souvent en raison des coûts et par manque de connaissances techniques.

Des similitudes sont toutefois apparues : une présence solide du secteur, mais avec une multiplication des titres et une baisse des tirages moyens, sauf dans le cas des sagas pour adolescents.

Enfin, il a été très intéressant de partager nos inquiétudes et les voies de développement possibles pour l’édition digitale et de découvrir l’expérience française au niveau de la législation.

Un dialogue fluide et riche s’est établi avec les éditrices françaises présentes, qui donnera lieu sans aucun doute à des cessions de droits ou des coéditions.

 

BIEF : Il y a assez peu de traductions de livres français pour la jeunesse en Argentine. Comment les développer ?

 

S. S. : Il existe déjà un groupe d’illustrateurs très connu en Argentine (Benjamin Lacombe, Rebecca Dautremer, Hervé Tullet) grâce à une bonne diffusion de leurs albums. Cela nécessite que les auteurs soient traduits et présentés dans notre pays. Il faut prendre en compte aussi que des livres traduits en Espagne peuvent être diffusés ici (c’est le cas de Rebacca Dautremer et de Philippe Lechermeir pour leur ouvrage sur la Bible, par exemple, publié par une maison espagnole). Des rencontres avec des éditeurs argentins et auteurs français pourraient permettre aux maisons argentines d’ouvrir davantage leurs catalogues, notamment pour les auteurs de littérature pour adolescents, quasi inconnus pour nous.

 

 

María Fernanda Maquieira, directrice éditoriale jeunesse chez Santillana

 

"Cet événement m’a semblé très bien organisé. Les binômes d’éditeurs franco-argentins ont bien fonctionné. Les présentations ont été très professionnelles et ont intéressé l’ensemble du public.

J’ai pu rencontrer personnellement les éditrices françaises : nous avons échangé nos catalogues et envisagé de possibles projets pour l’achat de droits. Mais nous avons évoqué aussi des pistes pour des coéditions, afin de diffuser la littérature française pour la jeunesse en Argentine, tout en faisant connaître la littérature argentine pour la jeunesse en France."

 

- Propos recueillis par Jean-Guy Boin et Isabelle Berneron



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