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Compte rendu

Salon du livre de Göteborg, la Foire où il faut être présent

décembre 2015

[24-29 septembre 2015]

Réputée pour être une foire principalement littéraire, la Foire internationale du livre de Göteborg n’en attire pas moins de plus en plus de professionnels venus découvrir les livres illustrés, notamment de jeunesse. Impressions de responsables de droits françaises et du Directeur de l'Institut français de Suède.


Les 1 200 ouvrages de la sélection "Foires du monde" étaient exposés sur un stand de 50 m2 et commercialisés par Per-Olof Larsson, de la libraire Partille Bokhandel. Réputée pour être une foire principalement littéraire, la FIL de Göteborg n’en attire pas moins de plus en plus de professionnels venus découvrir les livres illustrés, notamment de jeunesse.

Plusieurs responsables de droits étrangers de maisons jeunesse français ne s’y sont pas trompées et se sont déplacées à la foire suédoise. Parmi elles, Joëlle Liabaud (Nathan jeunesse) nous a donné ses impressions sur ce marché, ainsi que Stefanie Drews (Stock), venue y développer ses contacts pour la fiction et la non-fiction.

 

À noter que la foire organise depuis trois ans, avec le soutien du Swedish Arts Council, un fellowship permettant à des éditeurs et des traducteurs étrangers de découvrir le monde du livre suédois. 

 

 

Questions à Joëlle Liabaud (droits étrangers chez Nathan Jeunesse)

 

BIEF : Quelle a été votre impression générale sur cette manifestation ?

 

Joëlle Liabaud : C’était la première fois que Nathan Jeunesse y était présent. C’est la grande foire du livre du pays, tournée vers le grand public, qui vient très nombreux, donc, avant tout, une foire très nationale.

Les éditeurs suédois, très occupés par la promotion de leurs ouvrages, ne quittent pas beaucoup leur stand. Certains ont d’ailleurs décliné des offres de rendez-vous sur le stand français afin de rester avec leurs auteurs. De plus, il n’y a pas de catalogue des exposants, aussi bien suédois qu’étrangers, avec leurs domaines de publication.

Les éditeurs qui souhaitent acquérir des droits préfèrent aller dans les foires de Bologne et de Francfort. Quant à moi, cela m’a permis de voir les éditeurs dans leur environnement et le genre d’ouvrages mis en avant. C’était très intéressant de voir comment travaillent les éditeurs suédois. Et j’ai eu des rendez-vous intéressants.

 

BIEF : Quelle est la réception des ouvrages français pour la jeunesse sur un marché qui accorde une place importante à ce secteur ?

J. L. : Les cessions sont stables depuis plusieurs années. Les éditeurs regardent plus volontiers la production des pays anglo-saxons et aussi des autres pays du Nord. Il est très difficile de vendre, par exemple, des romans français pour des adolescents qui lisent beaucoup les romans anglo-saxons, et souvent directement en anglais. C’est un marché difficile où la concurrence est rude entre les éditeurs. Pour les livres illustrés, les éditeurs suédois, lorsqu’ils sont intéressés par des titres, sont également très sensibles aux prix.

 

BIEF : Que recherchent les éditeurs suédois dans la production française ? Dans votre catalogue par exemple ?

 

J. L. : Les éditeurs regardent surtout notre catalogue pour nos livres illustrés. Ils recherchent des titres de qualité, assez haut de gamme, aussi bien en ce qui concerne le concept, le type d’illustrations, les thèmes abordés et la manière dont ils le sont.

 

 

Questions à Stefanie Drews, responsable des droits chez Stock

 

BIEF : Qu’avez-vous pensé de cette foire en général, avez-vous été satisfaite par rapport à vos objectifs ?

 

Stefanie Drews : La Foire de Göteborg est très fréquentée par le public et propose une programmation assez large de débats, rencontres et lectures, dont un nombre important en anglais. C’était la première fois que je me rendais à cette foire, l’objectif étant de renforcer nos contacts avec les éditeurs suédois et de mieux connaître leur marché. J’ai rencontré plusieurs éditeurs que je ne connaissais pas auparavant ou dont je connaissais peu le catalogue et la ligne éditoriale. Par ailleurs, un grand nombre d’éditeurs étrangers (scandinaves mais aussi allemands et néerlandais) viennent à la foire lors des journées professionnelles, ce qui m’a permis de voir d’autres éditeurs scandinaves à cette occasion au lieu de les voir à Francfort.

 

BIEF : Que pourriez-vous dire des échanges avec la Suède où prédominent les titres anglo-saxons ? Avez-vous constaté une évolution ?

 

Stefanie Drews : Les titres anglo-saxons dominent clairement le marché et les autres traductions viennent souvent des autres langues scandinaves. Mais il y a un intérêt pour la littérature française, notamment chez les petits éditeurs, qui en ont parfois même fait leur spécialité.

 

BIEF : La bonne place de la fiction dans les titres cédés vers le suédois vous semble-t-elle une caractéristique de ce marché ?

 

S. D. : La plupart des éditeurs s’intéresse effectivement à la fiction. J’ai également constaté un intérêt pour certains titres de non-fiction (actualité, documents). Pour les sciences humaines et sociales, la prospection est plus difficile, les quelques éditeurs que j’ai rencontrés n’ont personne pour lire en français et traduisent principalement de l’anglais.

 

BIEF : Quels auteurs, quels titres recherchent les éditeurs suédois ?

 

S. D. : Les éditeurs suédois s’intéressent principalement aux titres qui ont déjà été cédés dans plusieurs autres pays (notamment en Scandinavie) et qui ont idéalement fait leurs preuves dans ces territoires. Parmi les titres de notre catalogue, il y a notamment Constellation d’Adrien Bosc et Soudain, seuls d’Isabelle Autissier, tous les deux déjà cédés dans plusieurs pays, mais aussi des titres de la rentrée littéraire qui figurent dans les sélections des prix, comme : La cache de Christophe Boltanski et Ce pays qui te ressemble de Tobie Nathan. En non-fiction, Opération César de Garance Le Caisne a attiré le plus d’attention, grâce à l’actualité du sujet.

 

- Propos recueillis par Catherine Fel

 

 

Le Salon du livre de Göteborg : "l’endroit où il faut être"

 

Avec près de 100 000 visiteurs, le Salon du livre de Göteborg se présente comme la plus importante manifestation culturelle d’Europe du Nord. Sans entrer dans le débat, il est certain que la manifestation aligne des chiffres impressionnants : plus de 800 exposants couvrant tous les secteurs du monde de l’édition, près de 3 700 manifestations (conférences, débats, signatures), un espace réservé à la vente de droits internationaux accueillant des centaines de rendez-vous professionnels… La politique tarifaire de ce salon du livre est à l’avenant : 20 euros pour la journée pour les adultes et 7 euros pour les moins de 19 ans, sans compter les 70 euros nécessaires pour assister à un des séminaires ; les plus acharnés, et ils sont nombreux, ayant la possibilité de débourser 160 euros  pour un forfait valable pour la journée.

 

Au regard de ces tarifs, la très forte fréquentation du salon du livre n’en est que plus remarquable. Le nombre de visiteurs témoigne non seulement de l’intérêt des Suédois pour le monde des livres, mais aussi du fort pouvoir d’achat de ces amoureux de la lecture et des idées.

Autre point fort du salon, l’ensemble de la presse suédoise et de très nombreux médias relaient très activement l’événement, et souvent même s’y installent pour organiser leurs émissions en direct ou leurs propres rencontres et débats.

 

Le secteur éditorial suédois et nordique en général ne s’y trompe pas. Le Bokmässan est l’endroit où il faut être chaque année, aussi bien pour y faire des affaires que pour y rencontrer son public et la presse.

À ce titre, il faut saluer la présence du BIEF et de ses ouvrages, ainsi que celle des éditeurs français qui l’accompagnaient lors de la dernière édition du salon. L’action de l’Institut français de Suède s’est recentrée sur le soutien des éditeurs suédois dans leurs projets de traduction et de publication d’auteurs français, et le retour du BIEF à Göteborg nous conforte dans cette stratégie.

 

- Laurent Clavel, Directeur de l’Institut français de Suède

 

 



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