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Portrait et entretien de professionnel

Questions à Martine Bertéa, de retour de la Foire du livre d'Abu Dhabi

juillet 2014

Pour la responsable des droits étrangers du CNRS, les éditeurs émiriens, s'ils restent encore peu nombreux et institutionnels, bénéficient d'une politique incitative pour les échanges de droits : "Ils traduisent des livres d'une grande diversité, en littérature, histoire ou philosophie, et de toutes les langues."

• BIEF : Qu’avez-vous pensé de cette foire d’Abu Dhabi, de la présence des professionnels, de la qualité des stands, de la fréquentation ?

 

• Martine Bertéa : C’était la première fois que je me rendais à cette foire. Mon objectif était de faire connaissance avec des éditeurs du Moyen-Orient et du Levant et d’observer si le catalogue CNRS éditions (nouveautés et fonds) pouvait les intéresser de manière un peu approfondie.

 

La Foire d’Abu Dhabi m’est apparue très bien organisée. Les stands sont spacieux, les horaires d’accès très faciles. Le public émirien est d’ailleurs nombreux et les collégiens et lycéens défilent toute la journée. Le stand français tenu par la librairie française de Dubaï est très fréquenté par les expatriés et leurs enfants.

 

• BIEF : Vous aviez participé aux rencontres professionnelles en SHS à Beyrouth en 2011 ? Votre déplacement à Abu Dhabi vous a-t-il permis de renforcer vos partenariats dans le monde arabe ?

 

• M. B. : Mes contacts avec les éditeurs arabes sont restreints, car je me déplace essentiellement à Londres et Francfort, où je ne les rencontre pas. J’ai revu des éditeurs connus pour la première fois à Beyrouth, puisqu’il y a une forte participation des éditeurs du Moyen-Orient et du Levant. Mais les professionnels présents sont plutôt des commerciaux, cette foire étant avant tout une énorme librairie pour les habitants ! Néanmoins sur le nombre, il y a à faire.

Au cours d’échanges assez nombreux avec des éditeurs, qui nécessitent du temps pour pouvoir se concrétiser, j’ai relevé un fort intérêt pour la philosophie et la religion, mais aussi l’approche scientifique, la géopolitique et l’histoire du monde arabe. 

 

• BIEF : Qu’est-ce qui vous a marquée parmi la production ou les professionnels du monde arabe ?

 

• M. B. : Ne lisant pas l’arabe, je reste prudente. Il y a une énorme part de stands dédié aux livres religieux, avec le Coran comme livre star. À côté de cela, quand on décortique avec un éditeur du Moyen-Orient sa production, il y a dans une maison généraliste une répartition entre fiction et non fiction, qui paraît un peu universelle. Des documents dédiés à des personnalités du sport ou du cinéma, à des "people", au monde des affaires et aux scandales, et aussi de la jeunesse et du roman.

 

Le plus marquant est la présence de toutes ces maisons d’édition, qui sont basées en Syrie, au Liban, en Égypte, en Algérie, en Tunisie, en Jordanie, au Maroc… enfin dans des zones qui sont en guerre ou en complet bouleversement politique.

On note d’emblée la suprématie de la production des éditeurs du Moyen-Orient et du Levant. Les éditeurs émiriens sont encore peu nombreux et institutionnels. Ils sont le résultat d’une volonté et non d’une tradition. Les éditeurs émiriens traduisent des livres d’une grande diversité en littérature, histoire ou philosophie et de toutes les langues.

Il y a quelques rapprochements d’intérêt entre éditeurs émiriens et hors émirats : un éditeur libanais peut avoir un bureau aux Émirats, qui fait la liaison notamment commerciale. J’ai assez mal perçu le circuit de distribution. Existe-t-il un peu ou pas du tout ? Il semble plutôt que non.

Cette foire apparaît comme un lieu facile où tous ces éditeurs se retrouvent, échangent et bénéficient des aides des programmes culturels émiriens.


Propos recueillis par Laurence Risson