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Compte rendu

La 24e Foire internationale du livre d’Abu Dhabi

juillet 2014

[30 avril - 5 mai 2014]
La stabilité politique du pays et les moyens financiers mis à disposition pour ses projets sont les clés de la réussite de la Fondation KITAB, organisatrice de la Foire internationale du livre d’Abu Dhabi. Cette nouvelle édition en a encore fait la preuve, avec des exposants bien décidés à développer leurs ventes mais également à élargir leur cercle de partenaires.

La stabilité politique du pays et les moyens financiers mis à disposition pour ses projets sont les clés de la réussite de la Fondation KITAB, organisatrice de la Foire internationale du livre d’Abu Dhabi. Cette nouvelle édition en a encore fait la preuve, avec des exposants bien décidés à développer leurs ventes mais également à élargir leur cercle de partenaires.

 

Malgré le contexte tumultueux dans lequel se trouve actuellement le Moyen-Orient, et tout à la fois à cause de lui, les professionnels de l’édition arabe identifient ce salon comme un rendez-vous important, où ils peuvent se concentrer sur leur travail et envisager des perspectives. Les organisateurs font des propositions incitatives fortes et offrent ainsi, depuis plusieurs années, la gratuité aux exposants syriens, qui se trouvaient fortement représentés cette année. Quelques pays participaient de façon collective - l’Allemagne, la Turquie, la Suède, l’Algérie, le Kazakhstan et la France - et côtoyaient d’autres exposants hors monde arabe, comme l’Islande, la Chine et l’Inde. Au total environ 800 exposants représentaient une cinquantaine de pays.

 

Comme chaque année, depuis la participation de la France en tant qu’invité d’honneur culturel en 2011, le pavillon français était idéalement placé entre le pavillon allemand et celui de l’invité d’honneur de cette édition 2014, la Suède.

Le stand du BIEF proposait une sélection généraliste de plus de 1 500 titres sur un espace de 72 m². Il était animé par la librairie francaise Culture & Co, avec le partenariat de l’Institut français d’Abu Dhabi.

Le programme se composait de diverses séances de signatures d’auteurs pour la jeunesse (Roxane-Marie Galliez et Sylvaine Jaoui), d’un auteur de BD (Nicolas Wild), d’auteurs suédois traduits en français (Jan Lööf, Majgull Axelsson, Kristina Ohlsson et Catharina Ingelman-Sundberg) et de trois auteurs français établis aux Émirats : Franck Tétard (Le Grand Atlas 2014, Autrement), William Guéraiche (Géopolitique de Dubaï et des Émirats arabes unis) et Gabriel Malika (Qatarina). Les auteurs jeunesse ont également animé des ateliers d’écriture et de conte pour les élèves des écoles françaises.

 

La conférence professionnelle organisée par le BIEF, avec l’appui de l’Institut français et de KITAB, abordait cette année la question de la promotion d’un auteur traduit et, d’une façon plus générale, celle de la promotion d’un auteur et de sa rencontre avec le lectorat. Marion Mazauric (directrice des éditions du Diable Vauvert) était l’une des intervenantes aux côtés de Azza Tawil de All Prints (éditrice en arabe du Sermont sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari) et d’Alexandra Büchler de "Literature across Frontiers", un organisme qui met en connexion les lecteurs, les écrivains, les traducteurs et les éditeurs de nombreuses langues.

 

Venue prospecter et un développer des cessions vers la langue arabe, Martine Bertéa, directrice des droits étrangers aux éditions du CNRS, a pu profiter de l’effervescence ambiante pour ce qui concerne les contacts et les signatures de promesses de contrat. En effet, le programme de subvention "Spotlight on Rights" est plus qu’attendu par les éditeurs arabophones pour engager ou finaliser des discussions commerciales. De même que ce programme offre la possibilité de bénéficier d’une aide financière lors de l’achat de droits, comme a pu le constater Marion Mazauric.

Si des prises de contact ont également été réalisées par le BIEF, il est certain qu’une présence physique des éditeurs français change radicalement la poursuite des contacts effectués.

 

Les ventes de l’édition 2014 du salon ont été très bonnes, un succès dû probablement au programme culturel destiné en grande partie aux enfants, et qui a mobilisé les professeurs et les familles francophones des Émirats. Toujours attirés par le modernisme et l’esthétique des livres de jeunesse français, les acheteurs se sont également fortement intéressés à la sélection de littérature. Quelques universitaires ont saisi l'opportunité de découvrir le rayon "droit".

 

Évènement idéal pour rencontrer de nombreux professionnels du livre arabe, le salon d’Abu Dhabi assoit un peu plus chaque année son rôle dans le développement de la lecture et de la culture, tout en offrant des conditions de travail avantageuses et un lectorat au pouvoir d’achat conséquent. Pour la participation française, il est l’occasion de montrer la vivacité du secteur et l’intérêt du livre dans une société de plus en plus gagnée par l’impact de l’image.

 

Laurence Risson

 

 

Débat sur la promotion de la littérature traduite : créer l’événement

 

Un compte rendu de cette rencontre a été fait dans le numéro 3 du quotidien de la Foire (Showdaily), qui proposait aussi des entretiens avec Jérôme Ferrari, Frank Tétart, Nicolas Wild. Nous en reproduisons ici la synthèse.

 

"Cette rencontre a permis d’exposer des expériences sensiblement différentes, avec toutefois une idée partagée qui est de chercher de nouvelles voies et de nouveaux supports à cette promotion.

Azza Tawil a expliqué qu’elle peut bénéficier en la matière de l’association de sa maison avec une chaîne de télé, permettant la promotion des auteurs. La période où le "passage" à la télé était synonyme de conquête de nouveaux lecteurs semble, pour Marion Mazauric, finie en France.

Sa maison d’édition préfère miser sur des liens resserrés avec des libraires ou des créations d’événements mettant l’auteur sur le devant de la scène, dont les médias sont plutôt preneurs.

 

Ce qui, d’après Alexandra Büchler, ne marcherait pas en Angleterre, où les médias ne s’intéressent presque plus à la littérature et où, d’ailleurs, comme dans le reste des pays anglophones, les lecteurs ne s’intéressent pas tellement non plus aux traductions, l’offre disponible dans leur langue d’origine étant considérable.

 

Tous trois se sont néanmoins accordés sur la nécessité de créer l’événement autour d’un livre traduit, dans un espace réel ou virtuel. Cela peut être une association avec de la musique, surtout pour les poésies (Azza Tawil), ou encore la bande annonce d’un livre en vidéo, en interactivité entre les lecteurs. Il peut être intéressant aussi de raconter l’histoire de la traduction du livre, l’obtention des fonds pour ce travail, quand elle sort du cadre ordinaire pour faire appel au crowdfunding (Marion Mazauric), une sorte de version moderne du mécénat des princes..."

 

Catherine Fel



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