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Compte rendu

Les foires de Taipei et de New Delhi : tout l’intérêt de s’y rendre pour les éditeurs français

avril 2014

[Taipei 5-10 février 2014 / New Delhi 15-23 février 2014]

Ces deux foires inscrites en début d’année du programme BIEF séduisent les professionnels français, la première de longue date, la seconde plus récemment. Un accueil chaleureux, un intérêt et une curiosité pour leur production et de vraies perspectives de collaborations, en font des étapes fructueuses pour les professionnels des droits.


Foire internationale du livre de Taipei

[5-10 février 2014]

 

Toujours aussi dynamique, la Foire internationale du livre de Taipei fait le bonheur des professionnels du livre et du public.

Tout en restant un événement grand public, cette manifestation accorde en effet une place de plus en plus importante aux professionnels de l’édition (en 2013, plus de 200 professionnels avaient par exemple participé au forum international sur l’édition, organisé par la Foire).

 

Sur le stand France de près de 90 m², le plus prisé des stands étrangers du Salon, plus de 1 600 livres étaient exposés. Comme à chaque édition, les responsables de la librairie Le Pigeonnier, notre partenaire commercial, avaient pris soin d’ajouter des livres des maisons d’édition participantes afin de permettre, dès le premier jour, la vente d’ouvrages au public. Cette année, dix professionnels de l’édition française en jeunesse, bande dessinée, littérature et art de vivre-vie pratique se sont déplacés, certains d’entre eux représentant plusieurs maisons d’édition. Solène Demigneux (Dakai Agency) était également présente afin d’assister certains éditeurs dans leurs rendez-vous.

 

 

Des éditeurs français unanimes sur la qualité des échanges et de la coopération avec les éditeurs taïwanais. Témoignages :

 

Florence Giry, responsable des droits étrangers, Flammarion

"Il est très important dans le métier des droits étrangers de pouvoir aller à la rencontre des éditeurs étrangers avec qui nous travaillons ou allons travailler. Après une visite, fort utile, à la Foire du livre de Pékin en août dernier, l’invitation du Bureau de Taipei tombait à point nommé, des traductions dans l’un des pays pouvant inciter l’autre à faire de même. Nous travaillons de plus en plus avec la Chine, et il me semblait que le nombre des contrats avec Taiwan stagnait sinon baissait, d’où l’intérêt d’une visite. Taïwan a évidemment un lectorat inférieur à celui de la Chine mais sa production éditoriale est proportionnellement supérieure, il y a donc là un marché à explorer.

 

Les rendez-vous avec les éditeurs taïwanais ont été à leur image : intéressants, sympathiques et professionnels. Sans généraliser, la demande en livres français concernait essentiellement les livres d’art de vivre, des essais non académiques sur des problématiques de santé, d’environnement et la littérature.

J’espère mieux comprendre ce que les éditeurs cherchent à traduire et suis convaincue que nous aurons des échanges accrus et fructueux prochainement. Ce voyage fut enrichissant humainement et professionnellement."

 

Aurore Charoy, responsable droits étrangers, Alain Ducasse éditions

"Il est difficile de rencontrer des éditeurs taïwanais lors des grandes foires et cela a d'abord été l'occasion de faire le point avec les deux éditeurs auxquels nous avions déjà cédé des droits.

Nous avions peu de visibilité sur ce marché et peu de rendez-vous confirmés, mais leur nombre ont été doublés sur place, ce qui est très positif. Avec une dizaine d'éditeurs intéressés par nos titres, c'est un bon résultat compte tenu de notre catalogue très spécialisé avec une liste assez réduite. Lors des rendez-vous j'ai vraiment apprécié le niveau d'échange avec les éditeurs, que j'ai trouvés sérieux, impliqués, curieux et très réactifs car la plupart m'avaient écrit avant même la fin de la foire pour me confirmer leur intérêt ! La visite de la foire, des librairies et les questions posées aux professionnels locaux m'ont permis de découvrir un marché du livre bien structuré et mature avec une offre abondante et variée, faisant la part belle aux traductions, dans le secteur art de vivre également, ce qui montre à la fois l'intérêt existant et un potentiel de développement pour l'avenir. Nous avons pu voir les livres de cuisine français (les nôtres notamment) bien mis en avant dans les librairies (piles et bannières promotionnelles). J'ai été favorablement impressionnée par la qualité des titres traduits dans le secteur cuisine ce qui témoigne d'un niveau d'exigence et d'intérêt pour l'art de vivre à la française qui sont la fois rassurants pour le déroulement des cessions (qualité des publications) et pour le développement de collaborations futures.

 

James Elliott, droits étrangers, Glénat

En février 2014, Glénat a été invité par le l'Institut français au Salon du livre de Taipei (TIBE), afin de présenter ses ouvrages "art de vivre" et "lifestyle" aux éditeurs taiwanais, deux thématiques qui les intéressent particulièrement depuis quelques années. Nous avons ainsi choisi et exposé sur le stand du BIEF une sélection d’ouvrages phares articulée autour de la gastronomie, la décoration, la mode et le patrimoine français, ainsi que quelques ouvrages de jeunesse et bandes dessinées.

Cette foire nous a permis de rencontrer de nouveaux éditeurs taiwanais et de consolider les liens avec certains de nos partenaires, parfois en présence de notre agent Solène Demigneux (Dakai Agency), bien implantée à Taiwan et en Chine.

Les éditeurs taiwanais étaient très intéressés par notre catalogue "art de vivre" et notamment par nos titres gastronomie (Paul Bocuse, 100 bouteilles, titres ELLE à table) et décoration intérieure (titres ELLE Décoration et surtout ceux du Journal de la maison, plus pratiques).

 

Les éditeurs taiwanais étaient à la recherche de livres "step by step", à la pagination relativement faible, et qui puissent aider leurs lecteurs à se familiariser avec notre culture française. En gastronomie, la plupart des grands chefs et pâtissiers sont traduits (Bocuse, Alléno, Robuchon, Christophe Felder, Pierre Hermé), et le terroir est un sujet qui les intéresse particulièrement, tout comme les grandes marques (de luxe ou typiquement françaises).

Cette foire est dynamique et professionnelle et nous a permis de mieux nous faire connaître auprès des éditeurs taiwanais. La plupart d’entre eux se déplaceront à Francfort ce qui facilitera le suivi des échanges."

 

Propos recueillis par Christine Karavias

 

 

22e Foire internationale de New Delhi

[15-23 février 2014]

 

C’est dans l’immense parc d’exposition de Pragati Maidan, en plein cœur de New Delhi, que s’est tenue la 22e édition de la New Delhi World Book Fair.

Suite à l’invitation d’honneur de la France en 2013 (à laquelle a succédé pour cette 22e édition la Pologne), le BIEF a fait le choix, en partenariat avec l’Institut français en Inde, de participer à nouveau à cette manifestation, et exposait une sélection de plus de 1 300 ouvrages de 65 maisons d’édition, couvrant tous les secteurs de la production. La commercialisation était assurée par la maison d’édition et librairie, Bingsha Shatabdi, dont le personnel était venu spécialement de Calcutta.

 

Après trois années de participation régulière du BIEF et la forte visibilité de la France lors de l’événement de l’année dernière, le stand est de plus en plus fréquenté par le public, mais surtout par des éditeurs indiens de tous les domaines. Le travail de fond effectué ces trois dernières années par l’Institut français a permis de développer des échanges professionnels rendus parfois difficiles par la différence des cultures. Ainsi cette année où le thème choisi par la foire était la littérature pour la jeunesse, le Bureau du livre a organisé une tournée indienne de Karthika Naïr et Joëlle Jolivet en février 2014, auteure et illustratrice de Tigre de miel, publié en coédition par Hélium et Actes sud et, pour la version anglaise, par Zubaan, avec le soutien du PAP Tagore.

 

Mis à part quelques-unes d’entre elles, les maisons d’édition françaises hésitent encore à travailler avec les Indiens, soit par manque d’information, soit par difficulté de pouvoir se déplacer. Pourtant, la prospection de nouveaux éditeurs n’est jamais aussi fructueuse qu’en se rendant sur place. C’est ce qu’ont pu constater, cette année, les responsables de droits des éditions de La Découverte et des éditions Fleurus, qui souhaiteraient renouveler l’expérience.

 

Pour Judith Oriol, Attachée pour le livre et l’écrit à l’Ambassade de France à New Delhi, "il y a quelques années encore, il eût été impossible d’attirer des éditeurs français prêts à payer leur voyage pour découvrir le marché indien… Aujourd’hui le BIEF, au vu de l’évolution de la collaboration franco-indienne de ces dernières années, a ajouté la Foire de New Delhi à son programme de Foires du monde."

 

La parole aux éditeurs

Pour Anne Desramé (Fleurus Enfants), dont c’était la première participation, "New Delhi est une foire dynamique et bien organisée, où les éditeurs sont présents et disponibles, même pour des rendez-vous spontanés". Au sein de son catalogue, "leurs intérêts se sont concentrés sur les livres d’éveil, les albums et les documentaires. Ils ont insisté sur l’importance de la valeur éducative transmise par le livre. Les langues de traduction demandées étaient principalement l’anglais et le malayalam, langue parlée dans la province du Kerala". À son retour, Anne Desramé a reçu des courriers récapitulant leurs échanges, où certains éditeurs demandent des rendez-vous pour Bologne et Francfort.

"C’était donc une première approche constructive, un contrat est déjà en route et j’espère bien consolider au fil des ans ma collaboration avec les éditeurs indiens."

 

De son côté, Delphine Ribouchon (La Découverte), dont les contacts avec ce pays étaient jusque-là très limités, avait pour objectif de mieux connaître le marché du livre indien et d'en identifier les principaux acteurs. Objectif atteint : "La foire de Delhi est une importante foire locale à laquelle participent de très nombreux éditeurs venus des quatre coins de ce grand pays. Il s'agit donc d'un rendez-vous intéressant pour qui souhaite développer des contacts avec les maisons d'édition indiennes. Les perspectives de collaboration future avec les partenaires indiens me semblent assez bonnes, et en particulier parce que l'édition indienne est multiple : elle recouvre plusieurs langues (anglais, hindi, malayalam, tamul, etc.) et par conséquent, autant d'interlocuteurs..."

 

Que recherchent les éditeurs indiens en sciences humaines ?

"Des publications couvrant des domaines étendus : des livres de synthèse en économie, histoire, philosophie ou sociologie à destination des étudiants de l'université, aux essais des penseurs contemporains incontournables, tout en n'oubliant pas leur péché mignon, à savoir tous les ouvrages sur l'Inde écrits par des étrangers !" Delphine Ribouchon espère concrétiser bientôt des contrats de cession pour la collection "Repères" ainsi que pour des ouvrages féministes et des documents d'enquêtes internationales. Seul bémol : "les tirages sont faibles eu égard à l'immense population indienne (le livre reste un produit de luxe) et il faudra donc multiplier les contrats pour générer des profits intéressants."

 

L’Inde ne doit pas être perçue comme la chasse gardée des éditeurs anglophones, même si d’évidence c’est un gros marché pour ces derniers. De nombreuses langues indiennes connaissent des tirages moyens importants.

Lors de la rencontre entre la fédération des éditeurs indiens et la délégation française qui s’était tenue l’année dernière, les éditeurs indiens avaient confirmé que le développement de publications dans les langues indiennes était réel depuis quelques années et que cela pouvait être un vecteur d’échanges de droits, pour les achats comme pour les ventes, entre éditeurs indiens et français.

Prochaines dates : 14-22 février 2015

 

Christine Karavias

 

 

Le "French corner" de la librairie Oxford Bookstore de Delhi inauguré en octobre 2013 : le premier d’une série ?

 

Ce projet de vendre des livres français à la librairie Oxford Bookstore a été initié en février 2013, lors de l’invitation d’honneur de la France à la World Book Fair de New Delhi. Devant l'offre variée proposée sur le pavillon français à cette occasion, Oxford Bookstore avait souhaité que l'on élabore ensemble une sélection initiale de 350 titres français - en fiction, non-fiction, jeunesse - dans la nouvelle librairie de la chaîne, inaugurée il y a quelques mois à Connaught Place, au cœur de la ville de Delhi. 

 

Le Bureau du livre du Poste a alors contacté une librairie française susceptible de se lancer dans ce partenariat commercial pour l'exportation de livres français, a ensuite accompagné Oxford Bookstore dans sa politique de prix, dans sa formation du personnel de la librairie sur les grands noms de la littérature française, et a constitué une liste de titres les plus appropriés pour le marché indien : classiques, indianistes, grands noms de la littérature contemporaine française et francophone, formats de poche plus accessibles, auteurs indiens traduits en français et un certain nombre de titres de la rentrée littéraire sélectionnés pour les grands prix de l'automne.

Ajoutons que cette librairie propose depuis peu 700 titres des éditions françaises Assouline, basées à New York.

 

L’inauguration de cette section française s’est faite aux côtés de la directrice du groupe Apeejay Surrendra, propriétaire du réseau de librairies Oxford Bookstore, Mme Priti Paul. C’est depuis lors la seule librairie de Delhi - et de l'Inde dans son ensemble - à offrir des ressources, en langue française, aussi actuelles et variées.

 

Le nombre de ressortissants français mais aussi de francophones et d'élèves apprenant le français dans la capitale indienne est un atout considérable expliquant qu'Oxford Bookstore se soit lancé dans cette aventure.

L'enjeu est en effet de taille puisque, si Oxford Bookstore est satisfait de cette opération, de nombreuses perspectives à long terme sont envisageables pour poursuivre notre collaboration avec cette chaîne de librairies. D’une part, la sélection de titres pourrait s’accroître, notamment en jeunesse, un secteur où l’expertise française excelle, voire s’élargir à d’autres types d’ouvrages (comme des livres sur la gastronomie française par exemple).

D’autre part, l'expérience pourrait se reproduire dans les autres librairies de la marque Oxford Bookstore, comme à Calcutta, le fief familial de la marque mais, à terme, cela pourrait représenter une présence dans 25 librairies sur le territoire indien. Avec une certaine adaptation, cette perspective pourrait mener à un relais intéressant pour des ouvrages en français destinés aux publics d’apprenants des plus grandes villes indiennes.

Espérons que cette nouvelle offre trouvera son public, permettant ainsi une alternative intéressante à nos efforts de traduction de livres français en anglais et en langues indiennes, pour une diffusion, cette fois, en langue française.

 

Judith Oriol, Attachée pour le livre et l’écrit à l’ambassade de France à New Delhi



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