BIEF : Comment expliquez-vous le dynamisme actuel de l’édition argentine ?
Daniel Divinsky : Le dynamisme de l’édition argentine s’explique par deux raisons, l’une permanente et l’autre conjoncturelle. La première est l’intérêt pour la littérature d’une grande partie de la population argentine, nourri par un certain "snobisme sain" qui ne s’est pas affaibli, même pendant les crises économiques les plus dures. La seconde raison est l’actuel soutien de l’État, qui est devenu le principal acheteur de livres à destination des bibliothèques et des écoles dans tout le pays. On n’a jamais eu une politique si favorable à la production éditoriale argentine.
La nouveauté à cet égard est le développement de la littérature de jeunesse et l’essor du roman graphique. Pour la littérature de jeunesse, ce développement est donc lié à l’aide de l’État en ce qui concerne les achats ; pour le roman graphique, cela peut s’expliquer par l’impact de la culture de l’image. La BD et l’humour graphique (comic strip) sont de plus en plus présents grâce à l’apparition de jeunes auteurs et dessinateurs.
Sinon, les tendances éditoriales restent les mêmes, avec une place importante accordée aux livres journalistiques d’actualité, ainsi qu’à la production d’essais.
L’édition numérique en langue castillane occupe une place subalterne dans la réalité actuelle : moins de 1% des ventes sont des exemplaires digitaux. Il faut être au courant et se préparer pour l’avenir prochain mais pas immédiat.