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Compte rendu

Séjour d’éditeurs égyptiens à Paris : une coopération entre l’Institut français d’Égypte et le BIEF

janvier 2014

[18-24 novembre 2013]
Le succès des rencontres jeunesse initiées en 2012 a encouragé l’Institut français d’Égypte à renouveler l’opération en 2013, dans l’objectif de faire de ce type d’échanges un rendez-vous annuel.

La coopération entre la France et l’Égypte dans le domaine du livre ne date pas d’hier : on peut même la faire remonter à Mohamed Ali Pasha et Rifaa El Tahtawi* au XIXe siècle. Plus près de nous, le Département de traduction et d’interprétariat du Caire connut au cours de la décennie 1990-2000 son heure de gloire, puis fut moins visible pendant quelques années.

 

Depuis 2011, en dépit, ou plutôt en raison des bouleversements qui ont secoué le monde arabe, l’Institut français d’Égypte a souhaité faire renaître les activités d’échanges entre l’édition française et l’édition égyptienne, et le Bureau du livre de l’Institut français d'Égypte (IFE) a donc relancé son Programme d’aide à la publication (Taha Hussein). Néanmoins, il est vite apparu que, si les éditeurs égyptiens souhaitaient publier des traductions du français, un manque de connaissance des éditeurs français et de leurs catalogues rendait les échanges difficiles.

 

En 2012, à l’occasion du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, l’IFE a organisé, grâce au soutien du BIEF, le séjour en France de trois éditeurs jeunesse. Cette première édition de rencontres professionnelles leur permit de se faire une idée plus précise du paysage français en matière d’édition jeunesse, mais aussi de revenir avec des titres qu’ils souhaitaient faire connaître au lectorat égyptien. Le succès de ces rencontres a encouragé l’Institut français d’Égypte à renouveler l’opération en 2013, dans l’objectif de faire de ce type d’échanges un rendez-vous annuel. Cette fois, suite au catalogue franco-arabe en sciences humaines et sociales publié par le BIEF en 2011-2012, ce fut ce domaine qui a été privilégié, en faisant coïncider le séjour avec le Salon du livre organisé par la Maison des sciences de l’homme (qui se tenait cette année au Musée de l’histoire de l’immigration). Là encore, le programme de rendez-vous n’aurait pu voir le jour sans le soutien actif du BIEF, qui a pris tous les contacts nécessaires. De Gallimard à La Découverte, en passant par les éditions de l’EHESS, c’est tout un panel d’éditeurs français que nos trois éditeurs égyptiens ont pu rencontrer.

 

"Nous avons rencontré d’excellents éditeurs, dont deux qui n’étaient pas prévus au départ : le Seuil et les Éditions de Minuit. Nous avons également pu avoir un rendez-vous avec le Centre national du livre, très utile pour comprendre comment fonctionne leur système d’aide à la traduction. Nous avons dix titres en projet que nous allons soumettre à la prochaine session du Cnl. Ce sera beaucoup de travail, mais nous sommes très enthousiastes !", déclare Sherif Joseph Rizk de Dar El Tanweer.

 

Mohamed El Baaly de Sefsafa a rencontré près de dix éditeurs et un distributeur. "Je suis sur le point d’acquérir les droits pour trois titres et en discussion avec les Presses de Sciences Po pour un grand projet de série sur la démocratie", précise-t-il. "Chez Nathan, Le Pommier et Payot & Rivages, j’ai trouvé ce que je cherchais en termes de livres de sciences humaines et sociales accessibles aux non-initiés. Mais le plus utile, ce fut d’apprendre comment fonctionne le marché du livre en France, avec par exemple le Comptoir des presses d’universités, fondé grâce à la coopération de plusieurs éditeurs, ou la base de données de Dilicom. J’ai réalisé tout ce que nous perdions en n’ayant pas de système similaire. J’ai donc décidé qu’en parallèle à l’édition, j’allais fonder une compagnie de distribution dont la première étape sera une base de données", en a conclu de son côté Sherif Kassem de Dar El Ein for Social and Human Research.

 

* Réformateur égyptien qui, en 1826, fut nommé imâm de la première mission scolaire égyptienne envoyée en France par Mohamed Ali Pasha et profita de ce voyage pour étudier la langue française et se spécialiser dans le domaine de

la traduction. Au cours des sept années que durera son séjour, il accumulera une gigantesque bibliothèque qu’il fera, par la suite, traduire en arabe.


Marielle Morin, Responsable du livre et des médiathèques à l’Institut français d’Égypte