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Portrait et entretien de professionnel

Questions à Patrice Hoffmann, directeur éditorial chez Flammarion, de retour de la Foire du livre d'Abu Dhabi

juillet 2013

Impressionné par l'immensité du palais des expositions et la foule qui se presse devant les stands, Patrice Hoffmann a retenu le déroulement irréprochable de la foire émirienne avec de nombreux stands étrangers, des présentations et des signatures de livres et des débats simultanément aux quatre coins de l'édifice...

• BIEF : Quelles sont vos impressions sur la Foire d’Abu Dhabi, à laquelle vous veniez pour la première fois ?

 

• Patrice Hoffmann :  La première impression est visuelle : le Palais des expositions est immense et la foule se presse devant les stands. Les Émiriens portent tous une tunique blanche, le thawb, surmonté d’un keffieh, les Émiriennes une longue abaya noire et un voile. Mais c’est aussi une foire internationale ; au-delà du monde arabe, l’Inde, le Pakistan, l’Iran, la Turquie sont très présents, l’Afrique noire aussi, et un grand nombre de pays occidentaux ont des stands collectifs.

Comme dans les plus grands salons du monde entier, il y a des présentations de livres et des débats simultanément aux quatre coins de l’édifice, où sont invités des auteurs de nombreux pays. La Foire d’Abu Dhabi a longtemps travaillé en partenariat avec celle de Francfort et la qualité de l’organisation, services techniques, restauration, traduction simultanée des débats professionnels, etc., est irréprochable.

 

Les ventes au public sont très importantes pour les éditeurs de langue arabe et représentent une partie importante de leur chiffre d’affaires annuel. C’est pourquoi ils participent à toutes les grandes foires du monde arabe (Égypte, Liban, Arabie saoudite, etc.) pour aller au-devant des lecteurs et présenter leurs fonds. Les grandes librairies ont également leur stand, tous très fréquentés. C’est donc un événement tout aussi important pour les lecteurs qui parcourent les allées et remplissent un caddie à roulettes aux couleurs de la foire.

 

• BIEF : Vous avez participé à une table ronde sur les prix littéraires, cela a-t-il révélé des différences éditoriales ?

 

• P. H. :  Le débat a eu lieu le lendemain de l’attribution de l’Arab Booker Prize 2013, et cela a été l’occasion d’une très vive remise en cause des conditions d’attribution de ce prix, considéré comme le plus prestigieux, et pourtant décerné par un jury tournant. J’ai été surpris de la vivacité du ton employé. Comme quoi l’enjeu est important ici comme ailleurs. Notons que les six candidats de la short list reçoivent tous 10 000 dollars et bénéficient d’une certaine publicité. Le lauréat reçoit quant à lui 50 000 dollars, et bénéficie surtout d’un puissant outil de promotion à destination de l’étranger. Un titre que beaucoup d’éditeurs dans le monde remarqueront parmi la profusion de titres disponibles.

 

• BIEF : Au cours de vos rencontres avec les éditeurs étrangers (notamment arabophones), quelle perception avez-vous eue de la fiction contemporaine arabe ?

 

• P. H. :  J’ai rencontré personnellement une quinzaine d’éditeurs et d’agents sur place qui m’ont fait découvrir leurs nouveautés, en plus de la visite collective organisée par la Foire. Naturellement, la documentation traduite (la plupart du temps en anglais par les éditeurs ou par l’Agents Center) facilite grandement l’accès des éditeurs occidentaux qui n’ont pas de directeurs de collection arabophone. Mes rencontres m’ont permis de découvrir une production très diversifiée et d’une grande richesse qui aborde souvent des préoccupations sociales.


Propos recueillis par Laurence Risson