Les perspectives féministes connaissent depuis une trentaine
d'années un développement considérable dans le champ académique
anglo-saxon. Si les analyses en termes de genre sont désormais
connues du public français, l'idée de care - mot habituellement
traduit par soin, attention, sollicitude - n'a pas trouvé un accueil aussi
évident, sans doute en raison de sa dimension provocatrice.
En réintégrant dans le champ des activités sociales significatives
des pans entiers de l'activité humaine négligés par la théorie sociale
et morale, ces approches ébranlent la partition entre des registres
habituellement disjoints. Les questions triviales posées par le care
- qui s'occupe de quoi, comment ? - font appel à une anthropologie
différente comprenant dans un même mouvement la vulnérabilité,
la sensibilité, la dépendance. Elles mettent en cause l'universalité de
la conception libérale de la justice, installée en position dominante
dans le champ de la réflexion politique et morale, et transforment la
nature même du questionnement moral.
L'irruption récente du Care dans le débat public rendait nécessaire
une réédition de l'ouvrage de 2005, qui présentait les principaux
textes de référence sur la question. Il y manquait cependant une
contribution de la principale théoricienne du care, Carol Gilligan, dont
l'oeuvre fondamentale, In a Different Voice (1982), était à l'arrière-plan
de toutes les réflexions de l'ouvrage. Cette lacune est comblée
dans la nouvelle édition.