Deux grandes idéologies sont à l'oeuvre dans nos sociétés occidentales : le déclinisme et le catastrophisme.
Depuis le début du siècle, tous les événements semblent conforter ce pronostic : le réchauffement climatique, le terrorisme islamiste, le retour des pandémies, la guerre en Ukraine.
Le coronavirus n'a fait qu'amplifier une tendance lourde qui lui préexistait : le repli sur les pénates. Et si cette réponse archaïque était devenue un antidote à toutes les menaces du monde ?
La maison de nos jours n'est pas un simple abri, elle est devenue un espace en soi, douillet et connecté, qui supplante le globe. Tout ou presque peut nous être livré à domicile, y compris l'amour. Pourquoi dès lors sortir du cocon et s'exposer ? À l'instar du héros de la littérature russe Oblomov, qui vécut couché et ne parvint jamais à quitter son lit, allons-nous devenir des êtres diminués, atones et recroquevillés ?
Dresser l'archéologie de cette mentalité du renoncement, en saisir les racines philosophiques et les contours historiques : tels sont les enjeux de cet essai.
La tension entre le désir de vagabondage et le goût de la réclusion n'a jamais été aussi forte. Ce n'est pas la tyrannie sanitaire qui nous menace mais la tyrannie sédentaire : la pantoufle et la robe de chambre seront-elles les nouveaux emblèmes du monde de demain ?