Experts et expertise dans les mandats de la société des nations : figures, champs et outils
Transaire(s)
Sciences humaines et sociales
De l'ère coloniale à celle des politiques publiques internationales dans les Suds, l'expertise a joué un rôle croissant dans l'ordre international au vingtième siècle. Notion paradoxale, réputée instrumentale en vue de l'information et de l'amélioration de l'action publique, elle englobe tout un champ de modalités opposées du savoir et de son énonciation. L'expertise se situe entre le savoir d'expérience et le savoir nomothétique abstrait, la recherche et l'autorité, elle est intéressante à étudier dans le cadre du premier système d'organisations internationales et de la crise concomitante des empires coloniaux.
Les mandats sont récemment devenus un des principaux points de convergence des questionnements sur la diffusion globale des normes à travers les instances internationales. L'expertise est lue comme l'un des signes d'un colonialisme tardif, codifié, et placé sous les regards convergents des savants, des États et des opinions publiques.
À travers les mandats de la Société des Nations, cet ouvrage scrute l'émergence de l'international comme cadre de prise de décision inter-étatique, ouverte et procédurale encadrant un monde de connexions, de flux et de structures enchevêtrés à diverses échelles. Il dépeint des figures d'experts et éclaire le jeu complexe qui s'institue entre ces experts et les institutions mandataires pour définir les normes de l'expertise. Il met en lumière leur contestation dans une dialectique asymétrique qui oppose experts et contre-experts, populations locales et autorités mandataires.