Très proche du couple Helmut et June depuis plus de cinquante ans, j'entendis un soir June me dire : « Tu devrais écrire notre histoire, tu la connais si bien... »
Mes souvenirs n'y ont pas suffi : il m'a fallu beaucoup de recherches et de lectures pour raconter la tragédie qui frappa le petit Helmut Neustaedter, juif berlinois, dont une grande partie de l'oeuvre magnifie le désastre ; ou encore les circonstances de sa rencontre à Melbourne avec June Dunbar, jeune comédienne australienne déjà reconnue, que leur installation à Paris contraignit à abandonner la scène.
Ce qui m'a passionné, c'est précisément la vie d'un couple d'exception cimenté par la créativité. Un couple dont l'intelligence, la modernité, la liberté émerveillent, et interrogent sur la vérité d'une existence à deux... comme sur celle d'une époque.
Car au fil du temps, le travail du photographe nous parle aussi de la réalité sociale et artistique des années 1960, 1970, 1980 et, dans une moindre mesure, 1990 : un monde qui n'était pas encore dominé par les réseaux sociaux et où les diktats pseudo-moraux n'avaient pas étouffé la liberté de créer.
J. A.