1956 est l'une des dates essentielles de l'histoire
de l'Europe contemporaine.
Il y a plus d'un demi-siècle, en effet, les deux
Europe ont été traversées par une formidable onde de choc d'Est en
Ouest : le rapport Khrouchtchev au XXe Congrès du PCUS, l'Octobre
polonais et l'intervention soviétique en Hongrie. Par les textes qui
le composent, cet ouvrage insiste sur le caractère organiquement
européen de l'héritage de 1956. Fruit du colloque international qui s'est
tenu à Science Po en 2006, il contribue à rapprocher les mémoires des
anciens et des nouveaux membres de l'Union européenne. L'année
1956 n'a pas toujours été perçue comme cette date qui relie tout notre
continent - tantôt cantonnée au cadre national, polonais ou hongrois,
tantôt instrumentalisée dans les enjeux de politique intérieure de pays
occidentaux, notamment pour affaiblir des partis communistes encore
relativement puissants en France ou en Italie. L'hypothèse du grand
troc diplomatique « à vous Suez, à nous Budapest » n'avait fait que
creuser encore la séparation en deux réalités d'apparence distinctes.
L'européanisation de l'événement n'est venue que bien plus tard. Et
pour qu'elle s'accomplisse pleinement, il a fallu deux tournants de
l'Histoire : la fin du communisme est-européen en 1989 et l'adhésion
des pays de l'Europe centrale à l'Union européenne en 2004.