Une famille sur cinq est monoparentale et le bilinguisme toucherait
une famille sur quatre. On estime que les chiffres augmentent, et la
monoparentalité et le bilinguisme sont beaucoup plus répandus qu'on
pense. Puisque le bilinguisme est aussi répandu, il est étonnant qu'il
intrigue toujours et suscite toutes sortes de préjugés. Deux tendances
croissantes se conjuguent dans notre recherche : celle de la famille
monoparentale et celle du bilinguisme. Les auteurs de cet ouvrage se
sont montrés attentifs à l'évolution de ces tendances dans notre société
et donnent un aperçu sur les témoignages récoltés auprès du parent isolé,
de l'enfant ou des enfants de familles monoparentales bilingues sur la
cohabitation de langues et de cultures dans leur famille. S'intéresser à
ce vécu est un travail important dans la psychothérapie, mais aussi dans
toute situation de soin médical, dans l'assistance sociale, éducative et
administrative.
La présence du bi- ou plurilinguisme dans une famille monoparentale
signale souvent qu'il manque quelqu'un qui donne sens à cette présence
de la pluralité des langues et des cultures : l'autre (souvent le parent)
n'est plus là pour représenter la langue qui fait partie de la vie familiale
et qui est désormais la sienne. Dans cette nouvelle forme de famille,
le parent isolé deviendra porteur isolé de langues et de cultures. Cette
situation porteuse de créativité comporte aussi des vulnérabilités et doit
surmonter le risque du handicap.