Traité des libres qualités
La qualité est l'enjeu du siècle : qualité de l'air, de l'alimentation, des soins, des relations, du travail, de l'industrie ou du pouvoir... Le terme s'est immiscé dans tous les domaines où un jugement de valeur est nécessaire, au point de détrôner les figures traditionnelles du bien et du bon. Précisons que son contraire, le « merdique », est lui aussi en passe de devenir un invariant culturel. Pour savoir ce que cache ce mot du contemporain, il faut se tourner vers les qualités humaines et leur impressionnante diversité, comprendre comment notre espace-temps est devenu un monde de qualités artificielles, assister aux chocs de la qualité et de la quantité, et voir comment les standards de contrôle font l'objet d'une lutte économique et politique omniprésente.
Dans ce cadre fortement contraint par notre âge technique, une philosophie ouverte aura à coeur de se recentrer sur les libres qualités, celles que l'on cultive pour la saveur de vivre. Car le défi de notre époque est bien d'articuler la valeur qualité aux exigences de liberté et aux besoins de justice. L'enjeu est de taille, pour peu que l'on veuille construire un monde commun, où les existences soient à même de prospérer.