Tout écrit, tout récit, toute création, toute pensée est une coproduction. À la fin de chacun de mes poèmes, je pourrais mettre au générique : écrit avec la collaboration de la culture, de la censure, de l'ordre du langage, des mythes, des images, de la biologie, de la peau et des neurones... Je remercie le passé et le présent pour leur aimable participation. Je remercie aussi l'espace pour son aide réelle quoique discrète ainsi que les mots dans leur ensemble pour leur fragilité audiovisuelle.
Le premier mot qui vient à l'esprit quand on lit Pierre Tilman, c'est que sa poésie est simple. Elle est liée à la vie et aux expériences existentielles. Elle aime l'économie. Elle est directe, objective, précise. Mais on ne tarde pas à réaliser que l'écriture des poèmes du Choix des couleurs est cultivée, imprégnée des inventions des autres créateurs, plasticiens, musiciens, écrivains. Elle est le fruit de multiples recherches et se nourrit de la politique, des drôleries, des tragédies, des histoires de l'Histoire. Tilman est un artiste du langage. Chez lui, la dimension orale est importante. On le comprend quand on le voit dire ses textes sur scène en public.