Vous avez dit «libérées» ? Libres de leurs choix, libres
de leurs corps ? Allons, ouvrons les yeux : partout nous
sacrifions à un conformisme pervers qui encourage de
nouveau la soumission des femmes. Lolitas incitées par
la culture adolescente à se transformer en femmes-objets
toujours disponibles ; jeunes filles piégées par l'industrie
du sexe qui fait désormais commerce du spectacle de leur
humiliation ; femmes effacées, voilées, violées, vendues,
mutilées, pour mieux être utilisées en privé par leurs
propriétaires...
Ici au nom de la modernité, là au nom de la tradition,
pornographes et dévots prennent les femmes en tenaille
et poursuivent la même obsession millénaire, héritage de
notre condition mammifère : le contrôle du corps féminin.
La contre-révolution sexuelle a commencé. Non, les femmes
ne sont pas si libres qu'on le dit. Non, le féminisme n'est
pas dépassé. Serions-nous en train d'assister, en silence,
dans la complaisance, à la défaite des femmes ? Mais
alors, ce serait aussi la nôtre, celle des hommes, celle de
tous ceux qui chérissent le désir et la liberté d'aimer.