«Ne croyez surtout pas qu'il s'agisse de science-fiction :
18 avril 2015, une équipe de généticiens chinois entreprenait
d'"améliorer" le génome de quatre-vingt-trois embryons humains.
Jusqu'où ira-t-on dans cette voie ? Sera-t-il possible un jour (bientôt ?
déjà ?) d'"augmenter" à volonté tel ou tel trait de caractère de
ses enfants, d'éradiquer dans l'embryon les maladies génétiques,
voire d'enrayer la vieillesse et la mort en façonnant une nouvelle
espèce d'humains "augmentés" ? Nous n'en sommes pas (tout à
fait) là, mais de nombreux centres de recherche "transhumanistes"
y travaillent partout dans le monde, avec des financements
colossaux en provenance de géants du Web tel Google. Les progrès
des technosciences sont d'une rapidité inimaginable, ils échappent
encore à toute régulation. En parallèle, cette "infrastructure du
monde" qu'est le Web a permis l'apparition d'une économie dite
"collaborative", celle que symbolisent des applications comme
Uber, Airbnb ou BlaBlaCar. Selon l'idéologue Jeremy Rifkin, elles
annoncent la fin du capitalisme au profit d'un monde de gratuité
et de souci de l'autre. N'est-ce pas, tout à l'inverse, vers un hyper-libéralisme,
vénal et dérégulateur, que nous nous dirigeons ?
Certaines perspectives ouvertes par les innovations technoscientifiques
sont enthousiasmantes, d'autres effrayantes. Ce
livre cherche d'abord à les faire comprendre, et à réhabiliter l'idéal
philosophique de la régulation, une notion désormais vitale, tant du
côté de la médecine que de l'économie.»