Victor ouvrit un cahier et prit sa plume. Sa main tremblait
au moment d'écrire le premier mot du texte qu'il découvrait.
D'un geste méthodique et lent, il traça de grosses lettres capitales
sur la feuille.
Le manuscrit dactylographié en roumain que Victor Luca
s'apprête à recopier est un livre interdit car, en cette année
1972, Ceausescu est au pouvoir et les temps sont à la répression.
Pourquoi Victor écrit-il ? Pour oublier l'odeur de la mandragore
qui émane parfois des corps sans vie de jeunes filles ? Pour
combler le vide des jours de solitude et d'enfermement ? En
attendant la nuit et ses promesses d'évasion vers la forêt,
immense et mystérieuse, toute proche ?
Peut-être pour trouver la paix, qui tarde à venir.