Je me souviens d'un départ de Corentin pour Port-au-Prince, deux ou trois ans
avant qu'il ne boucle ce travail sur Haïti. Armé de son inusable confiance en
lui, Corentin danse le pas de côté. Il ose, prend le risque de faire ce que les
autres ne font pas, de porter son regard dans une autre direction que celui de
ses confrères. Il maîtrise cet art du décalage, régi par deux règles. D'abord il faut
se poser les bonnes questions. Ensuite, ne pas anticiper l'hypothétique intérêt
d'une rédaction, mais se jeter à corps perdu dans une histoire, la décortiquer,
porté par l'envie de comprendre et la capacité à se laisser surprendre.
Le pas de côté n'est pas la danse des dilettantes. Mais le goût de l'effort ne
suffit pas, il faut que l'entreprise ait un sens. Ce livre a tout lieu d'être parce qu'il
en a un, puisé dans les à-côtés.