Le management, cette technologie sociale érigée en discipline
scientifique par les «gourous» du rendement, coachs,
consultants et autres penseurs des organisations, serait la
manière la plus efficace de gérer des individus et des projets
pour atteindre des objectifs. Entendez plutôt : comment
obtenir toujours plus avec toujours moins de moyens.
Avatar de l'économisme, c'est-à-dire de l'économie pensée
comme finalité de l'activité humaine, le management entend
faire de l'homme une ressource qui doit être rentabilisée
le plus possible, et ce dans tous les domaines. Il s'agit de
tout étudier, tout formaliser, tout programmer, tout vérifier,
au nom de l'anticipation permanente, du contrôle et
de l'évaluation, de la qualité et de la performance.
Le management est une discipline - au sens disciplinaire
du terme - médiocre et subtile à la fois. Médiocre car elle
tente d'opérer une réduction anthropologique qui ferait
de nous, corps et âmes, les instruments du profit édifié en
principe existentiel. Subtile car elle est aussi bien capable
de nous susurrer des mots doux que de nous presser comme
des citrons, sous prétexte de favoriser notre réussite, et
même notre «bonheur».