En 1888, Vincent van Gogh confiait à son frère Theo «attendre la génération à venir
qui fera en portrait ce que Claude Monet fait en paysage». Faudrait-il en conclure
que les impressionnistes ont failli dans le domaine du portrait ? L'impressionnisme
pourrait à première vue en effet paraître incompatible avec un genre dont on attend
qu'il dévoile l'identité du modèle en dégageant une essence immuable sous les apparences
extérieures. Existe-t-il un genre qui lie autant l'artiste aux impératifs de la
ressemblance et de l'imitation tout en le plaçant si étroitement dans la dépendance du
modèle ? La contradiction, séduisante, n'est qu'apparente, tant les impressionnistes
ont investi, pratiqué et, à bien des égards, renouvelé le portrait.