« ... alors que pardon, ironise-t-elle, mais vivre en autogestion
et en dissidence, je n'ai pas l'impression que c'est ce qu'ils
viennent chercher chez nous, les réfugiés. Ils ne comprennent
pas pourquoi c'est si mal organisé ici mais en attendant mieux
ils supportent, ils ne sont plus obligés de dormir dans la rue,
ils ont moins faim... Et personne, ni les bénévoles naïfs
qui débarquent dans ce bazar, ni les premiers intéressés,
personne n'y comprend rien. »
Quand elle dit « bénévoles naïfs », son regard dérive un instant
vers moi. C'est ce que je dois être pour elle, une bénévole naïve,
quelqu'un d'insignifiant et d'un peu ridicule.
Lorsqu'elle pénètre dans ce lycée où s'entassent des centaines
de réfugiés, Hannah s'interroge. Qu'espère-t-elle trouver en
rejoignant toutes celles et tous ceux qui sont venus les aider ?
Jours d'exil reflète les élans et les contradictions de cette femme
qui, forte de ses engagements passés dans des organisations
d'extrême gauche, porte un regard singulier sur l'occupation
du lycée Jean-Quarré, un établissement désaffecté au nord
de Paris, par plus de 1 000 migrants durant l'été 2015. Ironique
et généreux, son récit ne ménage rien ni personne, et pose
des questions qui sont au coeur des débats politiques actuels.