Depuis des décennies, l'actualité offre l'image d'un monde
arabe sombrant dans la violence et le fanatisme. Comme si une
malédiction frappait ces peuples, de l'interminable conflit
israélo-palestinien aux guerres d'Irak et de Syrie, en passant
par l'essor du jihadisme international.
Jean-Pierre Filiu remonte à l'expédition de Bonaparte en
Égypte, en 1798, pour nous offrir une autre histoire des Arabes.
Une histoire intimement liée à la nôtre, celle de l'Occident, de
l'Europe, de la France. Une histoire faite d'expéditions militaires
et de colonisations brutales, de promesses trahies et
de manoeuvres diplomatiques, une histoire de soutien à des
dictatures féroces ou à des régimes obscurantistes, mais tous
riches en pétrole.
Cette «histoire commune» qui a fait le malheur des Arabes
ne doit pas faire oublier une autre histoire, largement
méconnue : une histoire d'émancipation intellectuelle, celle
des «Lumières arabes» du XIXe siècle, mais aussi une histoire
d'ébullition démocratique et de révoltes sociales, souvent écrasées
dans le sang. Autant de tentatives pour se libérer du joug
occidental et de l'oppression des despotes, afin de pouvoir,
enfin, écrire sa propre histoire.
Sous la plume de Jean-Pierre Filiu, les convulsions du
présent se prêtent alors à une autre lecture, remplie d'espoir :
dans la tragédie, un nouveau monde arabe est en train de
naître sous nos yeux.