Lorsque le Congo se fraie un chemin jusque dans les colonnes de
nos journaux, c'est souvent pour raconter les mêmes histoires
tragiques : les trafics de minerais qui alimentent les groupes armés,
les milliers de femmes violées, les colonnes de réfugiés fuyant
une guerre qui semble ne jamais s'arrêter.
Et pourtant, nous ne savons rien ou presque de ceux qui font cette
guerre. Pourquoi se battent-ils ? Pourquoi se sont-ils engagés
dans une série de conflits qui a fait des millions de morts depuis
vingt ans ? D'où viennent ces combattants dont on nous dit qu'ils
violent et pillent sans scrupules ? Comment sont-ils organisés, de
quoi ont-ils peur, à quoi rêvent-ils lorsqu'ils ne sont pas en train de
se battre ? Les réponses à ces questions, Justine Brabant est allée
les chercher, pendant trois ans, sur les sentiers du Kivu, province
de l'est du Congo.
Elle livre ici la chronique de ses rencontres. Bergers devenus
colonels, chefs insurgés de père en fils ou civils qui transportent
leur vie dans un sac à dos : elle s'est plongée dans le quotidien de
ces hommes - et de ces femmes - dont certains n'ont jamais
connu la paix et qui ont la guerre pour seul horizon.
Rompant avec les récits habituels sur la «violence aveugle» et les
«conflits ethniques», l'auteure décrit un monde où les frontières se
brouillent entre civils et combattants, entre rebelles et forces de
l'ordre, entre militaires et humanitaires. Son enquête offre par là
même une réflexion originale sur ces guerres qui durent depuis si
longtemps qu'on a fini, nous aussi, par ne plus les voir.