L'oeuvre de Merleau-Ponty se situe au confluent de deux
traditions de pensée : la philosophie française, de Descartes à
Maine de Biran et Bergson, et la phénoménologie husserlienne
et heideggérienne. C'est le rapport à cette seconde tradition de
pensée, la plus déterminante du point de vue de l'évolution
interne de l'oeuvre, que les essais réunis ici ont entrepris de
mettre en évidence. Il s'agit en effet, en suivant l'évolution de la
pensée de Merleau-Ponty, de la Phénoménologie de la perception à
sa dernière oeuvre inachevée, Le Visible et l'invisible, de montrer
que l'interpénétration de deux thématiques fondamentales,
celle de la corporéité et de la chair, qui lui vient de Husserl,
et celle du langage et de l'expression, qui le conduit dans une
proximité toujours plus étroite avec Heidegger, lui a permis de
former le projet d'une «ontologie indirecte» et de rompre ainsi
décisivement avec le subjectivisme moderne.