Oral, anal, phallique, génital... : ces qualificatifs souvent employés
sont initialement liés à la théorie freudienne du développement
libidinal, mais cette dernière semble «passée de mode»... La libido,
cette énergie psychique de la pulsion sexuelle, et ses destins n'intéresseraient-ils
plus les psychanalystes ? Les destins de la libido restent
pourtant au coeur de la clinique d'aujourd'hui et l'oralité, l'analité,
entre autres organisations libidinales, désignent des champs que parcourt
toute la complexité des conflits pulsionnels, quelles que soient
les pathologies.
S'attacher à la question des organisations libidinales, c'est tenir
pour pivot de la psychanalyse le concept de «psychosexualité».
La théorie du développement libidinal a le mérite d'ancrer le psychisme
dans le corps, le corps pulsionnel, le corps érogène. Freud pouvait
écrire : «La reconnaissance des pulsions partielles sexuelles, des zones
érogènes et de l'extension ainsi conquise du concept de "fonction
sexuelle" par opposition à celui plus restreint de "fonction génitale",
est une question de vie ou de mort pour la psychanalyse.»