La prise de contrôle de l'Amérique par une poignée
d'Européens marque le début de la construction d'un
Monde qui s'achève au XXe siècle. Il aurait certainement
pu en être autrement. Gengis Khan ou Zheng he initièrent
des mondialisations bien différentes. Ces logiques
géographiques très anciennes n'ont jamais totalement
disparu sous l'aventure européenne et ressurgissent
aujourd'hui vigoureusement. Et si le Monde nous paraît
si évolutif, c'est bien parce que le récit unique de l'Occident
n'était pas sans amnésie.
Alors que s'affirme la Chine, qu'un islam se rêve comme
une autre mondialisation, que le rôle de l'Europe devient
plus modeste, il est nécessaire de situer le Monde
contemporain dans le temps long de sa genèse. L'empreinte
européenne, qui durera longtemps encore, peut étonner
aujourd'hui : pourquoi l'Europe fut-elle à l'origine de notre
mondialisation ? De quelles dynamiques multimillénaires
fut-elle le prolongement ? Pourquoi n'est-ce seulement qu'au
début du XXIe siècle que la Chine, l'Inde et bientôt d'autres
sociétés s'affirment à l'échelle du Monde ?
La troisième édition de cet ouvrage montre, plus encore
que les précédentes, que l'histoire globale est devenue
incontournable et qu'elle doit tenir compte, dans la longue
durée, de la diversité mondiale, de sa géographie et de
l'unité de l'humanité. Les questions «Quand» et «Où»,
particulièrement quand l'histoire est prise à l'échelle du
Monde, deviennent un couple indivisible, celui de la
géohistoire.