Les importantes mobilisations catholiques des années
récentes à l'encontre du mariage pour tous, de la procréation
assistée ou de la question du genre propulsent soudain au
premier plan de la société des enjeux culturels qui évoquent les
conflits liés à la sécularisation mise en oeuvre par la Troisième
République. La remise en question de la neutralité de l'espace
public tout comme l'expression abusive de «communautés imaginées»
de toutes sortes provoquent le renouveau d'affrontements
culturels inédits propices à tous les dérapages.
Lorsqu'en janvier 2014 éclate la manifestation «Jour de
colère», comme autrefois mais dans un contexte de grande
faiblesse de l'État, les citoyens juifs sont, à nouveau, souvent
désignés comme responsables de la dénaturation de la société
française. Les funestes «La France aux Français», les
«Mort aux Juifs !» accompagnés de slogans révisionnistes
ou anti-israéliens se font entendre dans les rues de Paris.
«Jour de colère» révèle une alliance incertaine qui se noue
entre catholiques intransigeants, extrême droite nationaliste
et certains jeunes issus fréquemment de l'immigration nord-africaine
dans une commune détestation des Juifs considérés
comme pervertisseurs de la nation et oppresseurs des peuples.