L'adolescence tend à devenir un état : on y rentre de plus en
plus tôt, on en sort de plus en plus tard. Si cette période de la
vie s'étend, ce n'est pas le fruit du hasard. C'est le signe que le
statut de l'adulte n'a jamais été aussi fragilisé et ébranlé qu'aujourd'hui,
pendant que celui du jeune, à l'inverse, a gagné en
popularité. Car c'est l'âge de tous les possibles, de la croissance.
D'une certaine manière, les valeurs de la société (excitation,
instantanéité, urgence, etc.) se rapprochent de plus en plus de
ce qui caractérise l'adolescent lui-même, d'où un effet de miroir,
fascinant et presque enivrant. L'adolescent apparaît comme un
symptôme de la société actuelle, tout comme il tend à en devenir
le modèle : un consommateur riche de sa seule illusion de
toute-puissance personnelle.
Daniel Marcelli nous propose une analyse inédite de l'impact
des valeurs de la société actuelle sur les adolescents et nous
invite à être attentifs à ce qui, dans la course de la modernité,
peut bousculer cette phase singulière de la constitution des
individus qu'est l'adolescence.