Comment peut-on lire Jacques Derrida ?
Comment une telle lecture est-elle possible
à vingt ans ? Et après ?
Un «je» se souvient, raconte l'histoire
d'une lecture et d'une rencontre, tente de
comprendre la «bordure» entre vie et oeuvre,
corps et corpus, mais aussi comment cette
lecture a touché sa vie et été touchée par elle.
Il y a eu tout d'abord : des livres
(De la grammatologie, La Dissémination,
Marges. De la philosophie), accompagnés
d'une photo ; l'apprentissage de
la déconstruction du logocentrisme,
de l'importance du texte, de la
dissémination comme oscillation infinie
entre divers sens possibles. Puis un visage,
un corps, une voix qui lisait «La main
de Heidegger», une performance basée
sur des langues qui se croisent,
des variations de rythme, des touches
humoristiques...
Ensuite la rencontre avec celui qui
a défini la déconstruction comme ouverture
à l'autre et la pratiquait au quotidien.
Alors la lecture s'enrichira, les textes
résonneront de multiples façons par la grâce
d'une écriture pensante.
Enfin viendra le temps des colloques :
Royaumont, Cerisy, Louvain-la-Neuve,
apories du don, de la mort, du témoignage,
mais une préférence pour la vie, celle que
ne cesse d'affirmer la littérature dans le flux
de l'écriture.
Et aujourd'hui ? Et demain ? Il faudra lire
et relire tous ses livres, porteurs d'une
chance pour la démocratie.
Michel Lisse