Parler aujourd'hui du conflit social ne provoque-t-il pas aussitôt une flambée
d'exaspérations ? La grève peut-elle encore être perçue comme un droit
fondamental à exercer et non comme une calamité de plus en plus souvent
associée à la perturbation du trafic ? L'augmentation du taux d'emploi est-elle
synonyme d'une économie maîtrisée oeuvrant pour le bien de tous ? Pourquoi
croule-t-on aujourd'hui sous un nombre incessant d'indicateurs' ? Marx doit-il
être jeté aux orties, et Bourdieu avec lui ?
La démocratie est-elle un long fleuve tranquille ? Peut-on se battre pour l'enseignement
sans être archaïque ou corporatiste ? Les théories de l'intégration
européenne font-elles l'impasse sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ?
Peut-on parler des pauvres pour mieux se désintéresser de l'inégalité croissante
dans la répartition mondiale des richesses ?
Ces quelques questions, légèrement iconoclastes, se retrouvent en filigrane
au gré des pages de cet ouvrage que le collectif de travail `Questions sociales'
de l'Association belge de Science politique de la Communauté française vous
invite à découvrir.
Les auteurs font ensemble le constat qu'une tendance générale, insidieuse, s'installe
dans les discours politiques, médiatiques et académiques : le conflit social
serait devenu quelque chose d'incongru ou même d'inconvenant. Considérant
au contraire que la bonne santé de la science, tout comme celle de la démocratie,
passe par la vivacité de ses débats, ils ont examiné des objets de l'analyse
politique ou sociologique pour voir comment leurs `lissages' actuels escamotent
l'expression du conflit sur le contenu de la société. Afin que puissent être posées
toutes les questions. Même celles qui fâchent. Parce que le conflit existe !