Se retrouver submergé par une vague, suffoquer, manquer de se noyer puis reprendre une goulée d'air avant d'être repris par la houle et de boire la tasse, une tasse salée, amère et dont pourtant nous sommes issus...
Le quatrième roman d'Antoine Geraci touche un rivage rarement exploité, celui de la folie énoncée à la première personne du singulier. Et cette folie, qui s'exprime si simplement, n'est pas douce pour autant; inceste, viol, incendie et mort s'égrènent presque naturellement au fil des pages. Ce monologue est bien le roman d'une vie et n'est pas dialogue que parce qu'il n'y a rien à répondre à celui qui nous parle du fond de l'abîme.
Mais la folie aussi peut perdre sa logique, et le fou n'être pas qui l'on croit. De fil en aiguille, raison et folie se fondent en un kaléidoscope qui saute comme un disque rayé et nous entraîne dans un jeu de piste angoissant où les personnages ne sont plus ceux qu'ils étaient, jusqu'au dénouement final où ils reprennent enfin place, sans pour autant nous laisser en repos.