La psychanalyse freudienne définit le surmoi comme étant une structure morale
et judiciaire induite par notre éducation nous faisant avoir la notion du bien et du
mal. À moins que ce soit une peur animale avec laquelle nous venons tous au monde.
Il suffit d'observer le comportement des mammifères sociaux pour s'en convaincre :
eux aussi, ils évitent de transgresser l'interdit pour ne pas être sanctionnés.
Car le fondement du surmoi n'est pas la conscience du bien ou du mal mais la
peur de l'Autre et de son éventuelle sanction en termes de rejet ou de violence,
une situation potentiellement mortelle. Il faut revenir au contexte de nos lointaines
origines pour le comprendre : en milieu naturel, être rejeté équivaut à une
condamnation à mort ; quant à la violence, elle peut être fatale ou induire de
graves blessures.
Pour l'éviter, notre cerveau archaïque nous manipule en permanence. Par exemple,
il nous fait être obsédés par la nécessité d'être aimables et irréprochables pour plaire
à l'Autre et surtout ne pas lui déplaire, en conséquence de quoi nous ne sommes
jamais nous-mêmes. Au mieux cela nous perturbe dans notre évolution mais peut
aussi nous bloquer au point d'en être malades, au sens propre comme au figuré, de
nombreuses somatisations ayant cette cause.
Cette peur nous vaut d'être souvent tourmentés par la culpabilité, la honte, le
remord, le regret et l'humiliation. Elle nous fait craindre le regard de l'Autre, être
timide et rougir, manquer de confiance en soi et redouter de prendre la parole en
public. Elle nous oblige parfois à mentir, nous empêche souvent de dire non et nous
fait toujours nous poser la même question : Que va-t-on penser de moi ?
C'est le propos de ce livre que d'expliquer tout cela : pourquoi, comment et combien
la peur de l'Autre et de son éventuelle sanction dirige notre vie ; et toutes ses
conséquences, des plus anodines aux plus graves.